Interrompons un instant notre tour d'horizon des malheurs de l'empire afin de nous pencher ce soir sur le cas italien. Il y a seulement deux jours, nous écrivions :
En Italie, une coalition ""populiste"" (à mettre entre huit guillemets) arrive au pouvoir. L'euronouillerie est atterrée : le nouveau gouvernement italien, ouvertement eurosceptique, ouvre une nouvelle crise au sein de l'UE et caresse même l'idée, si les choses ne changent pas, de quitter l'euro et revenir à sa monnaie nationale.
Autres joyeusetés au programme : restriction drastique de l'immigration (Soros et les banksters vont faire grise mine) et surtout levée des sanctions contre la Russie. A ce titre, relevons que même les précédents gouvernements italiens pro-UE - Berlusconi, Prodi, Renzi - ont toujours été très réticents devant la croisade hystérique anti-russe de l'empire et de ses affidés du Vieux continent. C'est une spécificité italienne que de vouloir maintenir de bonnes relations avec Moscou.
Après une accalmie en 2017 (victoires de Merkel et de Micron), l'establishment entre à nouveau en mode panique : les horribles et infâmes partis "populistes" sont partout en crue.
Paniqué, le système eurocratique a frappé, en la personne de Mattarella, président italien non-élu et dont la fonction est généralement honorifique. Selon la constitution, il peut cependant avoir son mot à dire sur la formation du gouvernement et émettre des réserves sur la nomination de tel ou tel ministre, ce qu'il ne fait habituellement jamais.
Oui mais voilà, le peuple italien a porté au pouvoir une alliance populiiiiiiiste, avec plusieurs i pour bien faire comprendre qu'il faut avoir peur. D'ici à ce qu'on nous ressorte le bruit des bottes et les z'heures les plus sombres, il n'y a qu'un pas... Et le vieux croûton du palais du Quirinal est sorti de son formol (et de son devoir d'impartialité, pourtant lui aussi prévu par la constitution) pour opposer son veto à la nomination de Savona, eurosceptique déclaré, au ministère des Finances.
Le système usé jusqu'à la corde ne fait même plus le moindre effort d'inventivité dans l'argumentaire : "L'appartenance à la zone euro est fondamentale pour le pays". Même si vous n'y croyez pas et nous non plus, circulez, y'a rien à voir...
En recevant ses ordres de marche de Bruxelles et Berlin, Mattarella s'est royalement assis sur le vote des Italiens, plongeant la botte dans une crise politique sans précédent. De nouvelles élections devraient maintenant avoir lieu, où l'alliance M5S-Lega devrait selon toute vraisemblance gagner de nouvelles voix devant ce déni de démocratie.
L'euronouillerie nous avait déjà habitués, au choix, à beaucoup de ridicule, de cynisme ou d'imbécilité, quand ce n'était pas les trois en même temps ; on en aura un petit aperçu, entre autres, dans les billets suivants (ici, là, ici, là, ici). L'on savait également que l'UE, enfant de la construction européenne décidée à Washington au lendemain de la guerre, n'avait aucun goût pour la décision des peuples qu'elle est sensée représenter. Elle vient encore d'en donner la preuve...