La tête de l'empire a toujours du mal à se remettre de l'élection de novembre et se déchire au grand jour. Ce spectacle est bien parti pour durer quatre (ou huit) ans si le Donald n'est pas auparavant victime d'un putsch maquillé comme de bien entendu en "sauvetage de la liberté et de la démocratie". Comme disait Gabin dans l'inoubliable Président, lorsqu'un mauvais coup se mijote, il y a toujours une république à sauver. Les tenants du Deep State ne veulent, ne peuvent rendre les armes, il en va de la suprématie de la "nation indispensable" et de la survivance du système impérial en cette époque charnière.
Alors que la Maison Blanche souhaite désormais mettre la pédale douce à l'activité otanienne, McCainistan et sa clique poussent au contraire à son extension forcée. Une délicieuse passe d'armes a eu lieu au Sénat américain. Le sénateur Rand Paul s'est opposé à une proposition de loi en faveur de l'adhésion du petit Montenegro à l'OTAN, provoquant la fureur du Follamour de l'Arizona qui a un peu perdu les pédales pour l'occasion :
Puisqu'il refuse d'accueillir cette petite nation attaquée par les Russes [!?!], il faut en conclure que ce sénateur travaille maintenant pour Vladimir Poutine.
La crise de nerfs de John "quiconque n'est pas d'accord avec moi est un agent russe" McCain s'est attiré la réponse amusée dudit Rand Paul :
Je pense qu'il vient de prouver que la limitation des mandats est nécessaire. Il a peut-être dépassé la date limite, il devient un peu déséquilibré.
Ambiance, ambiance au Capitole...
La position de Paul n'est pas pour nous surprendre. Le sénateur Républicain du Kentucky a toujours fait partie de ces leaders responsables à Washington (si, si, il y en a), prenant par exemple ses distances avec l'hystérie russophobe ou s'alliant à Tulsi Gabbard pour faire passer le Stop Arming Terrorists Act que nous avons évoqué à plusieurs reprises.
Sans surprise, McCain ne trouve par contre rien à redire aux manigances de Soros dans la Macédoine voisine. Il est intéressant ici de relever qu'un grand média américain en évoque enfin la chose. Pire, plusieurs sénateurs du Parti Républicain - mais évidemment pas McCain qui commence à être sérieusement isolé dans son propre camp - ont écrit à Tillerson pour lancer une enquête sur le financement des activités de Soros à l'étranger ! Les Dieux sont tombés sur la tête...
Soyons honnêtes : il s'agit moins ici d'une bienveillante démarche visant à brider l'impérialisme US (la présence parmi les signataires de Ted Cruz est là pour le prouver) que de considérations somme toute assez politiciennes. Le spéculateur "philanthrope" est surtout accusé de favoritisme politique en finançant des mouvements gauchistes et/ou extrémistes.
Israël en sait quelque chose, où l'on n'a pas de mots assez durs pour Sorostapopoulos, vilipendé pour semer le chaos global et mener une guerre contre Tel Aviv. Nouvelle preuve que les observateurs qui voient invariablement la main d'Israël ou du lobby sioniste derrière la politique du système impérial sont à côté de la plaque. C'était en partie vrai à une époque, ça l'est beaucoup moins depuis un certain temps...
Mais revenons à Washington où la russophobie est en relative perte de vitesse. Nous en parlions la dernière fois :
Il semble d'ailleurs plus généralement que l'ambiance soit un peu moins à la russophobie primaire sur les bords du Potomac. Les révélations Wikileaks sur les false flags cybernétiques de la CIA y sont sans doute pour quelque chose. Ainsi The Hill, le journal du panier de crabes de Washington, a publié un étonnant article il y a quatre jours, intitulé Des diplomates mettent en garde contre l'hystérie anti-russe. Diantre, ce journal ayant lui-même plus souvent qu'à son tour succombé à cette paranoïa, faut-il y voir un début de retour à la raison ?
Surfant sur l'affaiblissement du système impérial, on appelle maintenant ouvertement à la réconciliation avec Poutine dans certains secteurs médiatiques et intellectuels proches de Trump. Buchanan bien sûr mais aussi Breitbart qui titre carrément : "Faisons de la Russie notre pays frère" (!) McCain et Brzezinski en ont avalé leur hamburger de travers... Là encore, les considérations idéologiques/politiques ne sont pas loin et certains arguments sont quelque peu simplistes, mais là n'est pas l'important (et ce n'est de toute façon pas la MSN qui pourra trouver à y redire). Une tendance se dessine, au Sénat comme dans la presse, chez les militaires comme dans le grand public.
Un qui semble planer est le Donald. Il s'amuse même. En recevant Merkel, et alors qu'on lui demandait des précisions sur l'espionnage par l'administration précédente dont il aurait été victime, il a fait cette sortie désormais inoubliable en désignant dame Angela : "Au moins avons-nous quelque chose en commun".
Rappelons qu'en bonne euronouille vassale, la masochiste teutonne était en pâmoison devant Obama, celui-là même qui avait placé son téléphone sur écoute !
Le sommet Trump-Merkel en soi fut... comment dire... Le refus de la poignée de main a fait le tour du monde, ce qui a fait dire à certains que la rencontre a été glaciale. C'est sans doute exagéré mais le Donald a attaqué bille en tête aujourd'hui :
"L'Allemagne doit d'énormes sommes d'argent à l'Otan et aux Etats-Unis qui lui fournissent une défense très puissante et très coûteuse".
Pan, une pierre de plus dans le jardin de l'organisation atlantique, le Kremlin doit être aux anges. Quant au commerce - on se rappelle la tirade hallucinée de frau Milka sur le libéralisme - le Donald a mis les choses au point lors du sommet "G20 finances" à Baden Baden :
« Nous résisterons à toutes les formes de protectionnisme ». Depuis 2005, cet engagement en faveur du libre-échange figure, quasiment au mot près, dans le communiqué final des ministres des Finances du G20. Alors que ceux-ci se réunissent jusqu'à samedi à Baden-Baden, en Allemagne, il pourrait disparaître pour la première fois des engagements formels des vingt pays membres [du fait de l'opposition des Etats-Unis].
Voilà qui est fait, le Donald a gagné : le mantra obsessionnel ne figurera pas dans le communiqué final.