Alerte dans les officines du système impérial, la plaque européenne commence à dangereusement se rapprocher de sa consoeur russe et nos hypothèses se voient une nouvelle fois confirmées. Après la réception de Poutine par Macron à Versailles, nous écrivions :
Ces invraisemblables délires [médiatiques] ont toutefois mis la puce à l'oreille de certains observateurs un peu plus sérieux. Quand le roi est nu, on l'habille de dithyrambes, c'est bien connu. Si la journaloperie se vautre dans la louange servile et embellit tous les aspects de la forme, c'est pour mieux cacher le fond. Ficelle vieille comme le monde...
D'abord, pourquoi inviter Poutine, dans les fastes de Versailles qui plus est ? Notons que, mis à part le traditionnel voyage du 15 mai à Berlin pour retrouver Merkel, c'est le premier dirigeant étranger que rencontre Macron dans un format bilatéral (les discussions avec Trump, Trudeau, Erdogan & Co ayant eu lieu en marge des sommets de l'OTAN et du G7). Relevons également que la somptueuse réception du "tsar de toutes les Russie" au château du roi-soleil n'a pas été du goût des habituels thuriféraires du système impérial.
Ainsi, le président français était demandeur, ce que l'enguirlandement médiatique fanfaron tente d'occulter (...)
Un reset franco-russe, qu'évoque également le peu russophile Financial Times, serait donc dans les tuyaux à la demande de Paris. Ceci pourrait expliquer pourquoi, au-delà des pathétiques flonflons médiatiques et du sauvetage de face macronien sur des questions aussi existentielles que les LGBT de Tchétchénie ou les méchants médias russes, on a furieusement l'impression que Bobobankster s'est aligné sur Poutine.
Sur la Syrie, "l'objectif absolu est la lutte contre le terrorisme, l'éradication des groupes terroristes, en particulier Daech". Tiens, il y aurait des modérés pas si modérés que ça finalement et Assad ne doit plus partir... Plus intéressant encore, la fameuse phrase sur les armes chimiques que toute la MSN saoudisée a rapportée, persuadée qu'elle est dirigée contre Damas, mais que personne n'a pris la peine de décrypter :
"J'ai indiqué qu'une ligne rouge très claire existe de notre côté : l'utilisation d'une arme chimique par qui que ce soit fera l'objet de représailles et d'une riposte immédiate."
Les mots importants sont en gras. Ainsi, Assad ne serait pas le seul à disposer et à être susceptible d'utiliser des armes chimiques... Est-ce une reconnaissance en creux du false flag de Khan Cheikhoun ? A noter que le soir même, Vladimirovitch a répété dans une interview destinée au public français qu'il n'y avait aucune preuve de l'implication du gouvernement syrien dans cette attaque. Pour mieux appuyer ce qu'il a dit, voire prouvé, quelques heures plus tôt à Macron sous les lambris versaillais ?
Concernant l'Ukraine, Poutine a pris le bâton, déclarant que c'était une affaire intérieure à ce pays et qu'il fallait tenir Kiev pour responsable des atteintes aux accord de Minsk, le tout sans être contredit par son hôte. Et je ne mentionne pas les formules répétées sur "le rôle indispensable de la Russie"...
Assiste-t-on à un changement de direction de l'euronouillerie, désormais orpheline de son maître américain ? Si Macron dit tout haut ce que Merkel pense tout bas - et il y a de bonnes raisons de croire que le premier est le porte-parole de la seconde -, on est peut-être en train d'assister à un rééquilibrage du Vieux continent. L'avenir nous le dira... Mais on comprendrait mieux alors la flagornerie de la caste médiatique, cachant sous les épithètes dithyrambiques une redirection peu glorieuse pour elle.
On en prend le chemin... Dans la foulée de la visite du réaliste Le Drian à Moscou, c'est en effet une véritable bombe qu'a lancé Macron dans un entretien à huit quotidiens européens paru aujourd'hui. Dans le texte :
Le vrai aggiornamento que j'ai fait sur ce sujet, c'est que je n'ai pas énoncé que la destitution de Bachar el-Assad était un préalable à tout. Personne ne m'a présenté son successeur légitime. Assad est un ennemi de son peuple [tous les éléments de langage n'ont pas disparu du jour au lendemain, ndlr] mais pas de la France. Mes lignes sont claires. Un : la lutte absolue contre tous les groupes terroristes. Ce sont eux, nos ennemis. Deux : la Syrie ne doit pas devenir un Etat failli [failed State]. Nous avons besoin de la coopération de tous pour éradiquer les terroristes, en particulier de la Russie.
Dios mio, McCain, Barack à frites, Flamby, l'hilarante, le Seoud et autres joyeux lurons de la clique impériale doivent s'arracher les cheveux. L'imMonde est vert de rage et la presse israélienne rapporte l'info pour le moins fraîchement.
Le président Macron semble en passe de devenir nettement plus sage que le candidat Macron. Un Trump inversé en quelque sorte... Si le Donald a tout le mal du monde à contrer le Deep State, c'est néanmoins son élection qui a permis le détricotage de l'empire dont les composantes s'égaillent maintenant dans la nature.
Autre exemple récent : les nouvelles sanctions contre la Russie votées presque à l'unanimité par le Sénat US. Elles viennent d'être bloquées en l'état actuel des choses par les Républicains de la Chambre des représentants. Voir les membres d'un même parti se déchirer, selon qu'ils font parti du Sénat ou de la Chambre, sur le cas russe vaut son pesant d'ironie...
Mais c'est surtout d'Allemagne qu'est venue la surprise du chef. Nous avions vu que Berlin et Vienne se sont opposées au vote sénatorial. Les Allemands, particulièrement remontés, vont plus loin et menacent les Etats-Unis de mesures de rétorsion au cas où les sanctions anti-russes (et anti-européennes par ricochet) seraient finalement actées. Quand on se rappelle la soumission enthousiaste de Frau Milka aux divers trains de sanctions décidés par la précédente administration américaine, ça ne manque pas de sel.
Le navire impérial prend l'eau et certains ne manquent pas une miette du spectacle...
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MAJ - L'interview complète de Macron est ici. Relevons encore cette perle :
Avec moi, ce sera la fin d’une forme de néoconservatisme importée en France depuis dix ans. La démocratie ne se fait pas depuis l’extérieur à l’insu des peuples. La France n’a pas participé à la guerre en Irak et elle a eu raison. Et elle a eu tort de faire la guerre de cette manière en Libye. Quel fut le résultat de ces interventions ? Des Etats faillis dans lesquels prospèrent les groupes terroristes. Je ne veux pas de cela en Syrie.
Pour un Young leader, il y va fort ; du Vladimirovitch ou du Xi dans le texte... Reste bien sûr à voir si ces paroles seront suivies d'actes mais, en politique étrangère, les mots ont leur importance et sont généralement plus solides que les promesses électorales de politique intérieure. Intéressant...