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Qui aurait imaginé, même dans ses rêves les plus fous, voir le système impérial US se décomposer aussi rapidement ? Certes, il y avait eu des signes avant-coureurs : crise grecque, montée des ""populismes"" (entre huit guillemets) en Europe, multiplication des voix discordantes concernant la politique anti-russe (Hongrie d'Orban, Italie, Slovaquie, République tchèque, Grèce, industriels allemands etc.), record d'impopularité des hommes de paille de Washington (Flamby Ier rejoignant les rois fainéants mérovingiens dans le palmarès des dirigeants les plus détestés de l'histoire de France)...

Mais l'année 2016 restera comme l'apothéose de ce détricotage. En mai dernier, avant le sommet du G7 à Tokyo, un eurocrate envisageait le "scénario de l'horreur" :

Imaginez si, au lieu de Barack Obama, François Hollande, David Cameron et Matteo Renzi, nous avons Donald Trump, Marine Le Pen, Boris Johnson et Beppe Grillo.

Un mois plus tard, le scénario tant honni commençait à se mettre en place, au grand dam de Washington, Bruxelles et de leurs relais médiatiques. Le Brexit envoya des ondes de choc à travers tout l'empire :

A l'échelle continentale, les eurocrates sont paniqués devant le possible effet domino. Car tout l'anti-système s'y met : Wildeers réclame un référendum aux Pays-Bas, Le Pen et Mélenchon en France, le Mouvement 5 étoiles en Italie ; l'Autriche, la Hongrie, la République tchèque font également la queue. Nexit, Frexit, Itaxit, Auxit, Tchèxit, Honxit etc. - les eurolâtres sont affolés et feront tout pour bloquer les revendications des peuples. Si l'UE était démocratique, ça se saurait n'est-ce pas...

Mais derrière, c'est évidemment l'affrontement entre les deux grands qui se profile. L'ombre du méchant ogre russe, accusé de toutes les turpitudes, plane sur le Brexit. La corporation médiatique nous avait déjà prévenus avec des trémolos dans la voix. A peine vaincu, Cameron n'a pu s'empêcher un commentaire désabusé - "Poutine doit être content" - s'attirant une réponse ironique du maître du Kremlin. L'ancien ambassadeur US à Moscou, Michael Mc Faul, va plus loin : "C'est une gigantesque victoire pour Poutine. Je le félicite pour sa victoire ce soir." (!)

Qu'il mette dans le camp des perdants du Brexit les Etats-Unis est une forme d'aveu. Le lecteur de ce blog ne sera pas surpris, qui sait que la construction européenne fut dès le départ un projet américain visant à mettre la main sur le Vieux continent. Les avertissements d'Obama à son vassal n'avaient guère étonné, même s'il avaient finalement eu l'effet inverse de celui escompté.

Le maître de l'empire se voit aujourd'hui obligé de déclarer qu'il "respecte le vote britannique" (manquerait plus que ça !) mais les stratèges US l'ont mauvaise. "Le Royaume-Uni et l'Union européenne resteront des partenaires indispensables" a-t-il ajouté. Mais voilà le problème : deux au lieu d'un, et peut-être bientôt trois, quatre, cinq, qui commenceront à partir dans tous les sens, n'écouteront plus que d'une oreille les recommandations de tonton Sam, au lieu d'une structure européenne centralisée noyautée par les Américains. Voilà le souci européen de Washington...

Soyons honnête, la Russie bénéficie évidemment du Brexit. Le bras européen de l'empire se fissure, l'intense lobbying anti-russe de la Grande-Bretagne au sein des instances eurocratiques ne sera bientôt plus qu'un souvenir, le vent de révolte gagne le Vieux continent tout entier où les partis eurosceptiques sont en même temps russophiles.

A Moscou, on préfère la jouer modeste, Medvedev versant même une larme de crocodile sur les possibles conséquences économiques négatives du Brexit. Mais dans les couloirs du Kremlin, on doit jubiler. Le système impérial US en Europe se lézarde au moment même où la construction eurasienne ne cesse d'avancer.

Ce n'était pourtant rien en comparaison de ce qui allait se passer trois mois plus tard, au coeur même de l'empire, la deuxième étape du "scénario de l'horreur". Tout a été dit sur le changement tectonique que représente l'élection du Donald, inutile d'y revenir. Penchons-nous plutôt sur quelques nouvelles fraîches.

A Bruxelles, c'est la panique. L'OTAN planche sur un panel de scenarii dont celui du pire : un retrait pur et simple (quoique improbable) de toutes les troupes américaines présentes en Europe. D'ors et déjà, le sommet prévu début 2017 a été reporté à l'été. A quelques kilomètres du QG des atlantistes, les euronouilles sont également en état de choc. Plusieurs élections importantes sont prévues dans les douze prochains mois : Autriche en décembre, Pays-Bas en mars (mois où l'article 50 devrait également être enclenché par Londres), France en avril, Allemagne en octobre...

Devant la perspective d'une déculottée, la grosse Bertha Merkel singe d'ailleurs l'hilarante et dit craindre une possible "ingérence russe" (ne riez pas !) dans le processus électoral allemand. Ce n'est même plus du théâtre, c'est de l'opéra-bouffe...

Le chaos eurocratique a encore augmenté d'un degré dimanche lorsque s'est tenue une réunion des ministres des Affaires étrangères européens pour débattre de la position de l'UE face à Trump. Pour des raisons différentes, Londres (Boris Johnson a boycotté la sauterie) et Paris n'étaient pas présents ! Quant au ministre hongrois, il a qualifié la réaction des dirigeants politiques européens d'« hystérique ». Farage, lui, est mort de rire...

Autre conséquence de l'élection du Donald, le Premier ministre tchèque vient de clairement rejeter l'installation du bouclier antimissile US dans son pays :

C'est du domaine de la science-fiction et cela ne se produira jamais. Mon point de vue là-dessus est négatif. Je pense qu'aujourd'hui, nos problèmes de sécurité sont ailleurs. Le radar [des Etats-Unis en République tchèque] signifierait une escalade de la tension dans les relations avec la Russie, tandis que nous avons besoin de profiter de l'opportunité offerte par l'élection de Donald Trump pour que les Etats-Unis et la Russie se mettent autour d'une même table. La fin de la guerre en Syrie est la question qui revêt maintenant la plus grande importance pour l'Europe.

Comme si ça ne suffisait pas, nouveau coup dur pour l'Union ectoplasmique : la Bulgarie et la Moldavie viennent d'élire des dirigeants eurosceptiques et pro-russes. Nous avions parlé de la petite Moldavie il y a quelques mois et prévu l'évolution actuelle :

Le gouvernement pro-européen s'écroule, pris qu'il est dans les scandales de corruption en tout genre, l'ancien premier ministre Filat étant même arrêté par la police en plein parlement ! Evidemment vous n'en entendrez pas parler dans les médias.

Les partis pro-russes semblent sur le point de reprendre le pouvoir, décidés à se rapprocher de l'Union eurasienne plutôt que de l'Union européenne. Pour Moscou, la perspective de prendre l'Ukraine à revers et d'enfoncer un coin entre deux des Etats - l'Ukraine post-putsch et la Roumanie - les plus atlantistes d'Europe orientale n'est pas inintéressante. Affaire à suivre...

Nous y voilà ! Le rapprochement avec la Russie est dans les tuyaux, ce que vient de confirmer le tout nouveau président. Moscou se réjouit également de la victoire de Rumen Radev en Bulgarie. Attention, pas de révolution en perspective du côté de Sofia ; Radev ne prévoit pas de sortir de l'UE ou de l'OTAN et le Kremlin n'envisage pas de remettre au goût du jour le South Stream. Mais le président fraîchement élu s'est élevé à plusieurs reprises contre les sanctions contre Moscou et a symboliquement reconnu que la Crimée était une terre russe. Nouveau cheval de Troie poutinien au sein d'un système impérial en pleine déconfiture...

Tag(s) : #Etats-Unis, #Europe

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