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Ca s'agite sur l'échiquier planétaire...

Rien ne va plus au pays des Turkmènes. Le limogeage, le mois dernier, du puissant chef du secteur de l'énergie n'est que le reflet des tensions gazières qui secouent Achgabat. Pièce absolument centrale du Grand jeu énergétique entre 1991 et 2005 - on retrouve dans cette histoire Bush, Ben Laden, les Saoudiens, Brzezinski, les Taliban ou encore Kissinger -, le Turkménistan fait maintenant face aux répercussions de l'échec de l'empire américain à s'immiscer en Asie centrale et à contrôler ses pipelines. Par contrecoup, l'inquiétude et l'intérêt de Moscou et Pékin pour le gaz turkmène ont baissé de plusieurs crans.

Les trois tubes du CAC (Central Asie-China) transportent vers la Chine 55 Mds de m3 via l'Ouzbékistan et le Kazakhstan. Une ligne D était prévue, passant par l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizstan (en bleu sur la carte), devant acheminer 30 Mds de m3 supplémentaires.

Cette route Sud est maintenant reportée indéfiniment. Dès la fin 2014, des problèmes apparurent pour constituer des joint-ventures sino-kirghizes et sino-tadjikes avant que la Chine et l'Ouzbékistan n'enterrent officiellement le projet.

Coïncidence ? C'est justement en 2014 que Gazprom et Pékin ont signé le deal du siècle - le plus gros contrat de l'histoire - pour la fourniture de 38 Mds de m3 de gaz russe pendant 30 ans. Notons en passant que ce projet pharaonique suit son cours avec l'ouverture un check-point frontalier sur le fleuve Amour visant à faciliter la construction de part et d'autre.

Bloqué à l'ouest par la Caspienne, délaissé au nord-est par la Chine, le Turkménistan n'a plus d'espoir que dans l'impossible TAPI au sud-est. Celui-ci aussi, nous l'avons longuement et plusieurs fois évoqué. En anglais, pipedream signifie "chimère". Jamais un gazoduc n'a aussi bien porté ce nom...

A 6 000 kilomètres de là, les Américains installent leur THAAD en Corée du sud, officiellement contre les nordistes de Kim, officieusement contre la Chine, ce que votre serviteur et nombre d'analystes répètent inlassablement. Cela a lieu dans un contexte un peu particulier avec l'élection d'un président sino-compatible moins soumis aux desiderata impériaux.

Nous nous étions arrêtés au refus coréen de payer et à l'offre américaine de prendre en charge tous les coûts. En réalité, ce cadeau de McMaster, le Conseiller à la sécurité nationale issu de l'establishment washingtonien, a été très mal pris par Trump qui l'aurait littéralement engueulé au téléphone.

Dernier épisode d'une suite d'accrocs qui commence à se rallonger sérieusement et qui débuta dès le mois de février quand, avant un discours présidentiel devant le Congrès, le général néo-con avait fortement conseillé de ne pas utiliser l'expression "terrorisme islamique radical", sans doute pour éviter de braquer la Saoudie et autres alliés. Non seulement le Donald avait employé les mots fatidiques, mais il avait pris bien soin d'en détacher chaque syllabe.

Donald 2.0 redeviendrait-il Donald 1.0 ? L'ambiance générale parmi l'Etat profond est à la désillusion et, après la vraie-fausse frappe sur la Syrie grâce à laquelle le président américain a connu un répit, la MSN, fidèle porte-voix du système impérial, retombe dans l'habituelle hystérie.

Il est vrai que Trump tend parfois le bâton pour se faire battre, en virant le directeur du FBI - "bonne décision, mauvais timing" comme le disent certains - alors même qu'il accueille avec égard Lavrov à la Maison blanche. Il n'en fallait pas plus à la presstituée pour reprendre du service.

Sur le fond, les deux hommes ont discuté extensivement de la Syrie. Si l'on ne connaît évidemment pas le contenu des échanges, cela s'est apparemment très bien passé au vu des réactions des uns et des autres : "Pragmatisme", "très bonne rencontre"... De quoi faire enrager un peu plus le Deep State.

 

Tag(s) : #Asie centrale, #Chine, #Gaz, #Russie, #Etats-Unis, #Extrême-Orient

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