Que n'a-t-on entendu parler des grèves de la faim de la pauvre et héroïque Savchenko, enfermée dans les geôles de l'ogre Poutine. Pour notre petite corporation médiatique noyautée, elle était l'égérie du combat pour la liberté contre les brutes russes, et peu importe qu'elle fût une tueuse de journalistes ou proche des groupes néo-nazis.
Moscou l'a astucieusement libérée fin mai (en échange de deux instructeurs russes). Astucieusement, car cet électron libre est totalement incontrôlable et n'a pas une opinion beaucoup plus haute des oligarques pro-occidentaux que des Russes eux-mêmes. Le rusé Lavrov avait averti : laissons-la être un casse-tête pour Kiev. Quant à nous, nous écrivions peu avant :
Et puis il y a la libération de la folle à lier, l'héroïne néo-nazie des médias occidentaux, la tueuse de journalistes, Nadia Savchenko. En échange de deux prisonniers russes faut-il préciser, que les Ukrainiens accusaient d'être des agents du GRU (pas impossible pour le coup). Et là, le Kremlin l'a peut-être joué très fine. Savchenko est une réelle psychopathe et son retour à Kiev est un véritable cadeau empoisonné pour la junte. A peine débarquée à l'aéroport, pieds nus et le ton menaçant, elle a déclaré sa candidature à l'élection présidentielle et craché sur les "planqués". Son aura et le soutien des milices néo-nazies pourraient bien l'amener loin, au grand dam des oligarques pro-occidentaux tous plus pourris les uns que les autres.
Ce que nous prévoyions s'est une première fois révélé juste dès le mois de juin lorsqu'elle jeta un véritable pavé dans la mare : faire la paix avec les séparatistes du Donbass ! A Kiev, on en est resté coi. Début juillet, elle a remis ça quand, avec une vingtaine de collègues députés, elle a occupé le perchoir de la Rada, exigeant une enquête sur les activités offshore illégales de Poroshenko. Chococlown en a avalé son Roshen de travers...
Et voilà maintenant qu'elle commence une grève de la faim pour que les hostilités cessent avec le Donbass et que tous les prisonniers soient libérés ! Vaste programme, même si on avait connu la pasionaria moins sensée (à croire qu'elle s'est fait laver le/greffer un cerveau à Moscou pendant sa captivité). C'est pourquoi vous n'en entendrez bien sûr pas un mot dans nos médias.
Tout cela n'arrange pas du tout les affaires de la junte kiévienne qui ne peut survivre, difficilement, que par le statu quo : diaboliser continuellement l'ours pour tenter de faire oublier le bordel insondable qu'est devenue l'Ukraine. Le problème est que Savchenko est populaire, ou disons la moins impopulaire des leaders post-Maidan. Qu'on s'en fasse une idée (opinions favorables/défavorables en %) :
Savchenko : 45 / 34. Sadovy (maire de Lvov) : 33 / 48. Saakaschvili : 26 / 62 (comment diable a-t-il fait pour avoir encore 26% de soutien ?). Iatseniouk : 6 / 87 (l'homme choisi par Nuland doit être le leader le plus impopulaire du monde). Quant à Poroclown, il culmine au chiffre faramineux de 19% d'opinions positives.
On le voit, de toute la clique issue du coup d'Etat, elle est la seule à être dans le positif. Et son nouveau et étonnant combat pour la fin des hostilités dans le Donbass doit doper sa popularité, les Ukrainiens en ayant plus qu'assez de cette guerre. Un casse-tête de plus pour la junte...