Aux Etats-Unis, le vice est de retour. Point ici de morale (quoique...), nous parlons de Joe Biden, vice-président de l'inénarrable Obama. Donné perdant jusqu'il y a peu, gaffeur multiple, il a néanmoins effectué une spectaculaire remontée et semble être sur le point d'être désigné par les primaires Démocrates afin d'affronter Donaldinho dans un combat de boxe catégorie senior.
Information pour le moins déstabilisante, Tulsi Gabbard vient (logiquement) d'abandonner la course et... s'est ralliée à lui ! Celle qui, durant des années, a inlassablement combattu les manigances impériales, notamment en Syrie, donne son soutien au parangon de l'empire. Qué pasa Tulsi ? Espère-t-elle, en cas de victoire de Joe l'Indien, faire partie de la prochaine administration pour mieux la travailler de l'intérieur ? Sa décision laisse en tout cas ses supporters sans voix. Ses ennemis aussi d'ailleurs, puisque de "pion du Kremlin", elle s'est soudain transformée en personne fort honorable.
Quant à Biden, il est presque l'antithèse parfaite de Trump : rageusement anti-russe et coresponsable du putsch ukrainien, grand amateur de l'OTAN et de la soumission européenne au "leadership" US, il est par contre plus souple sur la Chine (business as usual) ou sur l'Iran (accord obamesque sur le nucléaire). Cela n'étonnera guère si l'on garde à l'esprit que le Deep State, un temps uni et homogène, est maintenant déchiré entre des chapelles parfois inconciliables.
L'empire n'ayant plus la capacité d'affronter tous ses adversaires à la fois, de douloureux choix ont dû voir le jour au fil du temps. Aux néo-"kissigériens" qui veulent jouer la carte de la Russie contre la Chine s'opposent les "bzrezinskiens", plus nombreux, qui préconisent l'inverse. Aux adorateurs du veau d'or israélien répondent les partisans des Frères musulmans tel Soros. Certes, tout ce joli monde se retrouve sur certains dossiers, l'exemple syrien en est la preuve, mais cela ne doit pas cacher les divisions grandissantes au sein de l’État profond. Évolution on ne peut plus classique d'un Deep State omnipotent à la tête d'un empire déclinant...
*** MAJ ***
Non que cela ait une grande importance géopolitique mais une petite info vient de tomber qui pourrait expliquer l'étonnant (et relatif) ralliement de Tulsi à Biden et non à Sanders, qui semblait pourtant plus sur sa ligne internationale.
C'est le frère de la candidate qui nous l'explique :
Traduction : "Bernie a traité ma sœur comme de la merde (sic) tout le long du processus. Elle a essayé de se rallier à lui mais il a refusé son soutien (...) Bernie n'est plus l'homme que Tulsi et moi avions coutume de soutenir à 100%. Je ne sais pas ce qu'il lui est arrivé. Il a abandonné le combat contre l'establishment."