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Au nord de Hama, le front s'est plus ou moins stabilisé. L'aviation syro-russe poursuit son travail de sape avant d'avancer plus au nord tandis que les rares contre-attaques barbues se soldent par des fiascos.

Plus au nord, les zones kurdes sont le témoin d'évolutions intéressantes. Nous avions vu la semaine dernière que Russes et Américains avaient déployé des troupes pour servir de bouclier aux YPG et empêcher les Turcs de les bombarder. Des photos ont abondé sur le net pour bien montrer au sultan que l'affaire était sérieuse.

La réaction d'Ankara ne manque pas de sel et ce sont de véritables menaces à mots couverts contre tonton Sam qu'un collaborateur d'Erdogan a brandies :

Si les milices kurdes vont trop loin, nos forces armées les bombarderont, peu importe si des soldats américains s'y trouvent. Un accident est si vite arrivé...

Oups. OTAN contre OTAN et l'on ne sait pas qui emportera le vent. Cette brusque poussée de fièvre est à comparer avec la bienveillance affichée vis-à-vis des Russes qui font pourtant la même chose. Erdogan a été tout miel à Sochi lors de sa rencontre avec Vladimirovitch et les deux ont décidé, avec l'Iran, de "zones de désescalade" - seulement si les rebelles luttent contre Daech et Al Qaeda, précision importante - immédiatement actées à Astana.

Il est vrai que l'économie turque est au bord du gouffre et que la Russie est l'une de ses seules planches de salut. Comme de bien entendu, le Kremlin en profite pour commencer la construction du Turk Stream. Pas de nouvelles par contre des S400, dont il se pourrait d'ailleurs que ce soit un simple moyen pour les Turcs de faire monter les enchères dans leurs négociations avec les Américains.

Mais revenons en Syrie...

A l'est de Damas, les loyalistes dansent la bamba. La poche de Qaboun devrait bientôt être résorbée étant donnée l'inexorable avancée gouvernementale. Restera le gros morceau : la fameuse Ghouta orientale, lieu de la vrai-fausse attaque chimique de 2013. Et là, Assad n'a qu'à attendre tranquillement que le fruit pourrisse.

La guerre civile inter-barbue s'amplifie depuis la dernière fois que nous en avons parlé. Pas un jour ne passe sans qu'une attaque ou une contre-attaque n'ait lieu, qu'un commandant ou un autre ne soit abattu. Des dizaines, peut-être des centaines de djihadistes ont trouvé la mort depuis une semaine. Ce qui s'est passé à Idlib se répète, la machine à saucissonner la rébellion marche à plein régime même si, en l'occurrence, les intéressés se saucissonnent eux-mêmes.

Quant à Palmyre, l'expansion loyaliste a les traits d'une fleur à trois pétales. Un kotel se profile déjà à l'est d'Homs où l'armée syrienne avance aussi :

Tout irait donc pour le mieux si, au sud, l'avancée des rebelles "Al Tanaf" ne commençait à changer la donne. Il est vrai qu'ils s'enfoncent dans du beurre désertique, profitant du retrait de Daech vers des fronts plus importants. Mais ils ont maintenant doublé les loyalistes de Palmyre :

Va-t-on vers une jonction sur l'Euphrate avec les forces kurdes, donc un contrôle de la frontière syro-irakienne par les Américains dans le but de couper l'arc chiite ? Les Kurdes ont pour l'instant trop à faire à Raqqa et contre les Turcs, mais à l'avenir ? Les milices chiites irakiennes empêcheront-elles cette évolution en intervenant à leur tour ? Nous reviendrons plus en détail sur cette question dans un prochain billet car elle a des implications aussi bien en Irak que dans l'histoire récente.

Tag(s) : #Moyen-Orient

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