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Contre-attaque à Alep sud

Et c'est parti...

Suite à l'offensive djihadiste de la dernière chance le 7 août, le siège d'Alep Est avait été (très) partiellement levé tandis que l'Alep Ouest gouvernementale se retrouvait à son tour assiégée. Les coupeurs de tête modérés y avaient laissé des centaines de morts, se découvrant d'ailleurs dans d'autres provinces où les loyalistes avancent. Les bombardements russo-syriens de ces quatre derniers jours sur le fin corridor barbu ont également pris leur écot : un millier de morts selon Moscou.

Tout le monde s'attendait à la contre-attaque gouvernementale : nous y sommes. Préparée par une nuit d'intenses bombardements russes ainsi que les renforts envoyés (Hezbollah, Tiger forces, Hezbollah irakien), elle a débuté ce matin sur quatre axes. Selon des informations non encore confirmées, les loyalistes auraient repris une partie du terrain aux djihadistes tandis que la "vengeance du ciel" s'abat sur les commandants barbus. A suivre de près...

L'importance stratégique d'Alep en fait la mère de toutes les batailles. Si les djihadistes en sont expulsés, surtout après les pertes considérables qu'ils ont subies, c'est la fin. Aussi n'est-ce pas un hasard si les habituels suspects - Arabie saoudite et Qatar - avaient fourni en masse des armements à leurs protégés pour préparer l'offensive de la semaine dernière tandis que les vrais cons faucons US se lançaient dans leurs délires traditionnels (notons ce commentaire assez hallucinant d'un ancien directeur adjoint de la CIA qui appelle à tuer Russes et Iraniens en Syrie). Mais, il convient également de relever à l'inverse un changement de ton certain d'une partie de la corporation médiatique occidentale, donc de ses donneurs d'ordre (voir par exemple cet étonnant sondage-lecteurs du Figaro qui ne se serait jamais permis une telle question il y a encore quelques mois).

Dans ce contexte, tous les yeux sont évidemment tournés vers la Turquie, par où ont transité les armes saoudiennes et qataries et qui, depuis la tentative de putsch, s'est fortement rapprochée de la Russie. Un hasard ne venant jamais seul, le sultan était chez "son ami Vladimir" avant-hier. Evidemment, rien n'a filtré des conversations et l'on ne sait toujours pas si la réconciliation inclue un rapprochement de vues sur la Syrie, qui ne peut être en l'occurrence qu'un alignement d'Ankara sur Moscou. Petite piste peut-être : quand interrogé sur l'éventuelle modification de la position de son pays sur le dossier syrien, l'ambassadeur turc à Moscou a déclaré :

La position d'un pays ne peut changer du jour au lendemain mais nous avons créé une plateforme de discussions (...) Nous souhaitons que l'actuel gouvernement syrien prenne part au processus de transition.

Diantre ! Ce retournement de veste (Ankara ne voulait auparavant pas entendre parler d'Assad) serait extrêmement intéressant s'il n'était contredit par d'autres déclarations, ce qui laisse la presse turque, et nous avec, dans l'expectative. Autre éventuelle indication du réchauffement : les Turcs proposent aux Russes des bombardements conjoints sur Daech en Syrie. Quelle ingratitude vis-à-vis de leurs petits enfants tout de noir vêtus, mais le fidèle lecteur, lui, ne sera pas surpris : nous annoncions il y a quatre mois qu'Erdogollum avait changé son fusil d'épaule et troqué la cause perdue de l'EI pour Al Qaeda.

Bref, byzantinisme et volonté de sauver la face sultanesque obligent, la position turque est toujours difficile à décrypter ; nous en saurons plus dans les semaines à venir.

Et pendant ce temps, en Ukraine, ça chauffe aussi...

Tag(s) : #Moyen-Orient

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