Si le sultan est passé maître dans l'art de faire pousser la chansonnette aux eurocrates visqueux et craintifs, il n'est pas le seul : ses nouveaux amis saoudiens suivent le même filon. Est-ce un hasard si Ankara et Riyad en sont venues à ces extrémités ? L'évolution moyen-orientale est un désastre pour les deux compères, leur politique extérieure est un fiasco... Le chantage est l'arme des faibles, une arme de la dernière chance, à double tranchant.
La Turquie double la mise sur son chantage au terrorisme en exigeant l'abolition par l'UE du système de visa pour les ressortissants turcs avant le mois de juin. En cas de non-respect de sa promesse par Bruxelles, Ankara cessera de remplir ses obligations concernant les migrants clandestins. Les eurocrates sont dans la nasse, englués dans un cercle vicieux dont ils ne peuvent sortir :
- qu'ils lèvent l'obligation de visa et le sultan pourra envoyer ses propres terroristes made in Turkey.
- qu'ils reviennent sur leur folle promesse et les Européens verront affluer des terroristes made in Syria que les Turcs laisseront passer comme ils l'ont déjà fait.
Dans les deux cas, le sultan tient les dirigeants du Vieux continent par les joyaux de famille...
Autre pays, mêmes mœurs. Les Seoud sont devenus furieux devant la perspective d'une loi du Congrès permettant aux citoyens américains de poursuivre tout Etat convaincu de liens avec les attentats du 11 septembre. Riyad a menacé de liquider tous ses avoirs aux Etats-Unis, soit 750 milliards de dollars. Une menace qui résonne comme un aveu de culpabilité.
L'implication des Saoudiens, du moins de certains officiels haut placés, dans les attentats de 2001 est un secret de polichinelle, mais Bush puis Obama ont freiné des quatre fers la déclassification des documents secret défense afin d'empêcher leurs amis wahhabites d'être inquiétés. Gageons que les menaces de Riyad ne s'arrêtent pas aux simples bons du trésor US mais touchent à quelque chose de bien plus fondamental : le pétrodollar, assise de l'hégémonie américaine durant des décennies.
La réaction d'Obama ne s'est pas fait attendre. Celui qui s'est abaissé à baiser la main du Seoud un improbable jour d'avril 2009 opposera son véto à la loi du Congrès. Et comme si ça ne suffisait pas, il se précipite à Riyad pour rassurer son allié wahhabite. Peut-être même lui chantera-t-il un petit quelque chose...