N'ayant plus matière à s'exercer au russian-bashing, la volaille journalistique occidentale est soudain bien silencieuse sur la Syrie. Pourtant, les combats continuent... Ainsi, nos prédictions se réalisent lorsque, au lendemain de la trêve, nous écrivions :
"L'un des éléments qui me paraît le plus important est, selon une antique tactique russe, le saucissonnage de la rébellion. L'opposition à Assad est en ruines et divisée comme jamais entre ceux (minoritaires mais médiatiques) qui ont accepté la trêve et ceux, les djihadistes (majoritaires), qui la refusent. Désormais, toute ambiguïté est levée et le "camp du Bien" ne trouvera rien à y redire : ceux qui continuent le combat contre Assad sont des terroristes qu'il faudra traiter comme tel. On imagine l'immense malaise dans les salles de rédaction de la mafia médiatique occidentale..."
Nous y sommes ! Attendez-vous à ne pas lire une ligne sur les victoires du 4+1 (Russie, Iran, Assad, Irak + Hezbollah) contre les terroristes "modérés", ça n'intéresse plus nos plumitifs.
L'armée syrienne continue son offensive autour d'Alep, ayant libéré ces derniers jours un certain nombre de villages aux mains de l'EI ou d'Al Nosra, au nord-ouest de la grande ville comme au sud-est. Autour de la capitale, les opérations continuent et les derniers bastions djihadistes vont bientôt tomber. Damas, apparemment en collaboration avec les YPG kurdes (!) prépare l'offensive contre Idlib, dernière région tenue par la rébellion en Syrie utile, où l'aviation russe est déjà entrée en action, bombardant sans relâche les copains de Laurent "Al Nosra fait du bon boulot" Fabius. Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule pour le sultan, l'armée syrienne reprend aussi peu à peu les territoires frontaliers avec la Turquie.
Plus à l'est, le califat auto-proclamé commence à sentir la pression comme jamais. Là aussi, les Sukhois y sont pour quelque chose (même l'OTAN est impressionnée par la précision des bombardements russes). L'armée syrienne est à l'orée de Palmyre où les petits hommes en noir creusent les tranchées et, plus au nord, avance vers Raqqa, mouvement qu'entreprennent également les milices kurdes. Et ce qui était prévu de longue date se précise, à savoir la jonction entre l'armée syrienne (en rouge) et les YPG kurdes (en jaune), coupant définitivement le cordon ombilical entre Daech et maman Turquie :
Une remarque... On voit que les Kurdes ont déjà débordé à l'ouest de l'Euphrate, ce qui était pourtant une ligne rouge fixée par Erdogan. Les années précédentes, chaque fois que les YPG faisaient mine de passer le fleuve, l'aviation turque entrait en action et les bombardait. Bien sûr, cela n'est plus possible depuis la bourde du 24 novembre - le F16 ottoman qui dépassera d'un millimètre la frontière sera impitoyablement abattu par les S400 russes - et le sultan n'en finit pas de s'en mordre les doigts. Nous en avons déjà parlé à de multiples reprises...
Daech est donc sous intense pression et les défections se multiplient. A tel point qu'a eu lieu il y a cinq jours un événement incroyable (donc forcément passé sous silence par notre basse-cour médiatique) : les habitants de Raqqa, la capitale, se sont insurgés contre l'EI et ont hissé des drapeaux syriens dans plusieurs quartiers de la ville !
La lutte contre Daech sera encore ardue mais l'issue est inévitable, au grand dam du binôme turco-saoudien et de son parrain américain qui, prudent, a préféré retiré ses billes.
Quant au futur de la Syrie, là aussi tout semble aller dans la direction indiquée par Moscou. Nous avions évoqué la proposition russe d'une fédéralisation du pays avec des régions bénéficiant d'une réelle autonomie, le Kurdistan au premier chef (tss tss Erdogan...) Or, cette idée de simple bon sens est suffisamment sérieuse pour être maintenant discutée par les grands dans les travées de l'ONU. Inutile de dire que l'opposition et ses parrains turco-saoudiens n'y sont pas du tout, mais alors pas du tout favorables. Inutile de dire également qu'ils n'ont plus beaucoup de marge de manoeuvre pour faire entendre leur voix...