Au lendemain du mini acte de guerre turc contre la Russie, la tension ne diminue pas et ce n'est pas la timide tentative d'apaisement du premier ministre turc - "la Russie est un pays voisin et ami" - qui changera grand chose.. Poutine a, dans un discours d'une franchise rarement vue au niveau international, qualifié hier la Turquie de "complice des terroristes" et assuré que ce "crime ne resterait pas impuni". Son Premier ministre, le pourtant placide Medvedev, double aujourd'hui la mise :
"Les actions de la Turquie constituent de facto une protection de l'Etat Islamique. Ce n'est guère étonnant étant donné les informations que nous avons sur les intérêts financiers directs de certains haut responsables turcs dans le pétrole fourni par l'EI. Ces actes criminels et sans vergogne des autorités turques créent une dangereuse escalade". Ambiance, ambiance...
Si l'on en croit les derniers développements, le terme de "crime" est difficilement contestable. Le copilote survivant a déclaré que le SU-24 n'avait reçu aucun avertissement. Nous avons aussi montré que si incursion il y a eu, elle n'a duré que quelques secondes, faisant dire à Lavrov que c'était une "provocation planifiée", ce que confirme aussi l'opposition turque. Quant à l'invraisemblable hypocrisie d'Ankara, elle est exemplifiée par le fait que les avions turcs ont violé à 2 244 reprises l'espace aérien grec en 2014 :
Un véritable Etat voyou, ami de l'Occident et membre de l'OTAN...
Les premières mesures russes sont dans la droite ligne de ce que nous prévoyions hier. Des S-400, peut-être le meilleur système anti-aérien du monde à l'heure actuelle, seront déployés à 30 km de la frontière turque, fermant le ciel syrien à l'OTAN. Comme si ça ne suffisait pas, le croiseur lance-missiles Moskva, équipé de systèmes antiaériens poussés, est arrivé à toute vapeur sur la côte de Lattaquié, prêt à descendre tout ce qui bouge. Les jets ottomans n'ont pas trop intérêt à traîner dans le coin...
Par ailleurs, Moscou a suspendu toute coopération militaire avec Ankara, recommandé à ses touristes de ne plus aller en Turquie et envisage divers boycotts de produits turcs. Ca, c'est pour la première phase, immédiate. Medvedev est allé plus loin, affirmant que le gouvernement russe reconsidérait maintenant un certain nombre d'accords, dont le Turk Stream ou le projet de première centrale nucléaire en Turquie.
Reste le plus important : l'armement des Kurdes syriens. Gageons que s'il se réalise, il ne sera connu qu'une fois réalisé, Poutine mettant le sultan devant le fait accompli, vieille habitude russe...