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Le Grand jeu continue, soprano ou mezza voce, dans les déserts moyen-orientaux ou les steppes d’Asie centrale, à l’ombre de l’Acropole comme de la Cité interdite.

Athènes ou le vrai-faux Grexit

Curieusement, la crise grecque a été un pont entre les deux grands adversaires qui ont partagé la même position, mais pour des raisons diamétralement opposées. Américains et Russes ne voulaient pas d’un Grexit. Les premiers car la sortie de la Grèce risquait d’ébrécher les institutions - Union européenne et OTAN – grâce auxquelles Washington assoit sa domination sur le monde occidental. Les seconds parce qu’ils souhaitent précisément fissurer ces institutions de l’intérieur. Aussi, et Obama et Poutine ont appelé le FMI à assouplir ses conditions, ce qui a été fait. La Maison blanche gagne du temps, le Kremlin profite encore un peu plus de la déliquescence de l’UE. Duel de l’ombre à fleurets mouchetés.

Yeah men

Regain de violence au Yémen où les forces saoudo-américano-qaédistes ont relancé l’offensive à Aden contre les Houthis chiites soutenus par l’Iran (et en arrière fond la Russie). L’alliance entre Washington et Al Qaeda n’étonnera que les naïfs qui croient que l’Amérique est en guerre contre l’islamisme alors qu’elle en est le meilleur garant depuis 1945. Après avoir réussi à avancer dans Aden, nos djihadistes cocacolisés ont marqué le pas et les Houthis et l’armée ont repris le terrain perdu.

Le Yémen est le nouveau terrain d’affrontement entre Riyad et Téhéran. Le conflit, qui a déjà fait des milliers de morts, risque de durer. L’aviation saoudienne peut continuer à bombarder des marchés, l’Occident ne dira rien. Quant aux médias occidentaux, cette fameuse presse libre, ils ne mordront pas la main qui les nourrit. D’après les dernières révélations de Wikileaks, l'Arabie saoudite a pris l'habitude d'intervenir auprès des médias étrangers en souscrivant des centaines voire des milliers d'abonnements, ce qui est censé assurer à Riyad un minimum de mansuétude médiatique. Corruption Liberté, j’écris ton nom…

Ukraine de champion

Les séparatistes pro-russes ont unilatéralement décidé de retirer du front leurs armes de moins de 100mm. Evidemment, silence radio dans l’imMonde ou le Fig à rot. Paradoxalement, cela pourrait signifier la reprise des hostilités, inlassablement demandée par les néo-nazis et Washington. En ce cas, les séparatistes ne seraient en aucun cas blâmés, ce qui a peut-être motivé leur étonnante décision. Par contre, si le conflit reprend et qu’ils mettent à nouveau la pâtée aux forces pro-Kiev, rien ne les arrêtera. Poutine les a déjà frustrés deux fois d’une victoire totale (Minsk 1 et Minsk 2), il n’y aura pas de troisième fois…

Kirghize se tend

Bon d’accord, le jeu de mot vaut ce qu’il vaut, mais il se passe des choses au Kirghizstan… Le 17 juillet, l’Etat Islamique - oui, aussi étonnant que ça puisse paraître, il est présent là-bas aussi – l’EI, donc, a attaqué la base russe de Kant pour tenter d'y voler des armes. L’opération s’est soldée par un fiasco et la mort de six militants, mais la présence de l’organisation djihadiste aussi loin, au cœur de l’Eurasie, préoccupe beaucoup. Nul doute que l’Organisation de Coopération de Shanghai, dont l’un des fondements est la lutte contre l’islamisme, se penchera très vite sur la question.

Afghanistan

Etat Islamique toujours, mais plus au sud. Nous avons déjà évoqué sa présence en Afghanistan. Les conséquences de son irruption au royaume de l'insolence sont nombreuses et pas toujours linéaires. Les Américains, ô surprise, utilisent maintenant ce prétexte pour demander une prolongation du séjour des 10 000 troupes qui leur restent dans le pays. En 13 ans et avec 150 000 soldats, ils n’ont pas réussi à venir à bout des Talibans ; on se demande bien comment ils assureront la "sécurité de l’Afghanistan" avec ce petit quintal de soldats.

Talibans qui, comme nous l’annoncions, engagent des pourparlers avec le gouvernement. Chose intéressante, il semble que le Pakistan ait fait fortement pression pour que les enturbannés du mollah Omar s’assoient à la table des négociations. Etait-ce une demande de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), condition à l’entrée en son sein du Pakistan ? Impossible de le savoir pour l'instant.

Mais revenons à notre casse-tête afghan… L’une des exigences des Talibans est le départ des troupes étrangères, dont américaines. Rappelons aussi qu’ils ont commencé à se frotter à l’Etat Islamique dans les provinces du nord. On a donc d’un côté les Américains qui veulent rester pour combattre l’EI, d’un autre les Talibans qui combattent aussi l’EI mais veulent le départ des Américains. Et au milieu, le gouvernement de Kaboul qui rêve… d’entrer dans l’OCS ! Sans compter les forces centrifuges très puissantes des différents groupes qui composent le pays. Bref, l’habituel maelström afghan. Je ne peux résister, pour finir, à l’envie de citer ce merveilleux proverbe afghan, digne de ce peuple génial à l’ironie acérée : Notre passé est sinistre, Notre présent est invivable. Heureusement, nous n'avons pas d'avenir…

De l'Acropole à l'Hindou Kouch
Tag(s) : #Europe, #Etats-Unis, #Moyen-Orient, #Russie, #Ukraine, #Asie centrale

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