Les cours de l'or noir ont beau chuter depuis octobre, le naphte reste (et restera toujours) un enjeu majeur dans les grandes manœuvres géopolitiques auxquelles nous assistons.
Nous mettons suffisamment en évidence le déclin de l'empire américain pour ne pas, le cas échéant, montrer ses réussites. La bête n'est pas morte, tant s'en faut. La meilleure illustration sont les sanctions contre l'Iran décidées, ironie de l'histoire, par le foncièrement anti-impérial Trump. Certes, Washington a dû ravaler sa fierté et ses objectifs irréalistes en accordant des exemptions temporaires à huit pays pour continuer à acheter du brut iranien pendant six mois : Chine, Inde, Italie, Japon, Corée du Sud, Turquie, Taïwan et Grèce.
Mais les sanctions semblent néanmoins fonctionner. Si des compagnies indiennes ou japonaises reviennent actuellement en Iran acheter du pétrole, c'est dans les limites de date et de quantité fixées par le diktat américain. Fait éclairant, et qui va en décevoir plus d'un : le géant russe Rosneft a lui aussi succombé à la peur des sanctions et a décidé de quitter l'Iran, annulant des investissements estimés à 30 milliards de dollars. Pour la compagnie, déjà multi-sanctionnée par Washington, le jeu géopolitique n'en vaut pas la chandelle économique.
Dans ce contexte, Téhéran se dépatouille comme il peut. En vendant par exemple son pétrole en monnaie nationale. Que pour plaire à court terme à ses clients israélien et saoudien, l'empire se tire à moyen terme une balle dans le pied en poussant le monde à dédollariser, nous l'avons expliqué à maintes reprises... Les Iraniens assurent également avoir trouvé de nouveaux acheteurs malgré les sanctions. Effet d'annonce ou réalité ?
A Moscou, malgré le retrait de Rosneft, on est tout sourire. Le ministre de l'Energie a expliqué fin décembre que l'accord trouvé avec l'OPEP il y a deux ans pour faire remonter les cours du baril avait rapporté au minimum 120 milliards dans les caisses. De quoi financer quelques surprises, hypersoniques ou autres, qui mettront les stratèges US dans tous leurs états.
Terminons par une anecdote sans rapport avec notre Grand jeu. Au Mexique, l'armée protège désormais les installations de Pemex, la compagnie nationale, pour mettre fin au pillage systématique des ressources pétrolières du pays. La fièvre de l'or noir, encore et toujours...