Diantre chers amis, quelques semaines coupé du monde et voilà que Daech ne lave plus blanc. Lessivée, rincée, essorée, la coproduction saoudo-obamesque...
La poche de Qalamoun (2) à la frontière syro-libanaise n'est plus qu'un mauvais souvenir. Offensive à la fois contre Al Nosra et l'EI, victoire, accord d'évacuation pour les restes djihadistes afin de ne pas s'éterniser dans la région. La frontière est sécurisée et le Hezbollah peut désormais redéployer toutes ses forces ailleurs. Pas étonnant que Bibi la Terreur soit de plus en plus fébrile... Et l'information (notez la formulation délicieusement ambiguë laissant ouvertes toutes les portes) selon laquelle Moscou et Damas ont établi un système de défense anti-aérien commun n'est pas fait pour le rassurer.
Mais c'est en Syrie centrale (1) que les grands mouvements ont eu lieu. Annihilé, le saillant daéchique qui, le mois dernier encore, enfonçait un coin territorial dans le ventre mou des loyalistes, obligés d'étirer leurs forces afin de surveiller des centaines de kilomètres par où pouvaient surgir les petits hommes en noir. Que de chemin parcouru depuis juillet...
Désormais, sous réserve que la dernière poche d'Uqayribat soit réduite, la ligne de front est divisée par deux (300 km au lieu de 600 km), permettant à l'armée syrienne de masser ses troupes pour se ruer vers Deir ez-Zoor. L'attaque se fera sans doute sur trois axes :
Comme si cela ne suffisait pas, le calife, dont personne ne veut la place, est également en train de perdre la poche de Tal Afar en Irak (3). La ville, berceau de plusieurs cadres daéchiques, devrait bientôt être libérée par l'armée irakienne et les milices chiites, leur permettant elles aussi de réaffecter leurs forces vers la frontière pour la grande bataille finale que nous annonçons depuis longtemps :
Al Bukamal, bientôt le dernier bastion urbain de Daech et bataille ultime de la longue guerre syrakienne ? C'est bien possible... A moins que tout n'ait déjà été réglé par de discrets envoyés dans les couloirs du pouvoir à Moscou, Washington, Damas et Téhéran, l'on pourrait assister à une détonante convergence de l'armée syrienne, des YPG kurdo-américaines, des UMP iranisées et de l'armée irakienne. Deux contre un si l'on considère, dans le meilleur des cas pour les Américains, que l'armée irakienne restera neutre : le rapport de force n'est de toute façon pas en faveur de l'empire. Le tout face à une résistance désespérée de l'EI dont ce sera le chant du cygne. Chaud devant...
La carte ci-dessus datait de juin. On voit maintenant que le 4+1 a pris une option conséquente tandis que les derniers proxies de l'empire, les Kurdes, n'ont à peu près pas bougé, embringués qu'ils sont dans la bataille de Raqqa et les menaces turques.
Notons quand même que dans le maelstrom des SDF, dont les Kurdes sont le fer de lance, certains bataillons arabes ont fait sécession et menacent de lancer une offensive sur Deir ez-Zoor (mais que valent ces unités ?) tandis que d'autres ont fait défection et se sont ralliés à l'armée loyaliste. Dans ces conditions, et sauf retournement de situation, la frontière syro-irakienne sera reconquise par le 4+1 et l'arc chiite reconstitué.
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Chers amis, je ne peux pas ne pas vous faire profiter de ces quelques photos prises dans le métro de Téhéran où l'on voit que, même si ce n'est pas spécifié comme tel, le Grand jeu n'est jamais très loin...