Il ne s'agit pas des 300 000... oups, ils n'étaient que 35 000 finalement... civils d'Alep, mais du parti de la guerre à Washington qui voit avec horreur la situation lui échapper depuis l'élection de Trump et sa confirmation par les Grands électeurs.
La tentative désespérée de mettre sur le dos de l'habituel ours-émissaire la défaite de l'hilarante a fait long feu. Malgré des semaines de bombardement médiatique, les Américains eux-mêmes ne croient pas au piratage des élections par la Russie.
Quant à Poutine, il a, lors de sa grande conférence de presse annuelle, gentiment moqué "le parti Démocrate qui porte bien mal son nom et ne sait pas accepter la défaite" . Il a ajouté : "Personne, nous exceptés, ne croyait que Donald Trump gagnerait ces élections". Ach Vladimirovitch, n'oublie pas ce blog et d'autres, étrangers à la journaloperie institutionnelle et observateurs avisés du monde.
Dans un billet haut en couleurs, le conservateur-isolationniste Pat Buchanan appelle à une chasse aux sorcières impérialistes et néo-conservatrices : détecteur de mensonge pour un certain nombre d'officiels de la CIA, enquête sur les tentatives de déstabilisation/manipulation d'élections étrangères par la CIA et le NED (notamment les législatives et présidentielle russes de 2011 et 2012), enquête sur les événements du Maïdan...
Le poids de Buchanan dans l'opinion étant ce qu'il est - pas négligeable mais loin d'être déterminant -, il n'est pas sûr que ces demandes se concrétisent en actes. Ce qui compte est ailleurs : ça parle, ça s'agite. Des millions d'Américains, jusque-là totalement ignorants de la politique étrangère, commencent à s'y intéresser, en débattent, s'écharpent dessus. Peut-être plus important que l'élection du Donald elle-même est le grand éveil des consciences états-uniennes à ce qui se passe dans le monde et aux menées impérialistes de l'Etat profond.
Des millions d'électeurs ont pour la première fois de leur vie entendu parler du soutien de la CIA au djihadisme, de l'alliance de leur pays avec l'islamisme sunnite, de la grande division du Moyen-Orient entre nassérisme laïc soutenu par Moscou et fondamentalisme islamique supporté par Washington. Les électeurs de Trump ne s'y trompent pas, qui préfèrent largement Poutine à Obama (au grand dam de la volaille journalistique qui trouve cela littéralement "dégoûtant") :
Les 51% montrent qu'il reste quand même du chemin à faire, mais quel bouleversement en l'espace de quelques années... La volte-face de Fox News en est un bon exemple. Cette chaîne, méprisée par les "élites" de la côte Est et Ouest, parle à l'Amérique profonde, celle des "rednecks" des Grandes plaines et de la Beltway industrielle. Quant on a connu comme votre serviteur la Fox News violemment impérialiste et russophobe d'il y a dix ou quinze ans, on est soufflé de voir la révolution copernicienne qui a eu lieu :
N'attendant pas la vague, une flopée de responsables font leur valise, notamment au sein du Conseil National de Sécurité : un véritable exode. Ceux-là mêmes qui ont soutenu le renversement de Kadhafi, le putsch néo-nazi du Maïdan ou l'insurrection djihadiste en Syrie quittent le navire comme de petits rats abattus et aigris...