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L'Ukraine quantité négligeable dans le rapprochement Europe-Russie

La crise ukrainienne, dans sa dimension internationale, s'est terminée en février 2015 avec les accords de Minsk II et la victoire diplomatique de Moscou : statut spécial du Donbass avec élections locales, forces de sécurité locales et droit de véto sur la politique extérieure de Kiev. La débâcle ukrainienne de Debaltsevo et la lassitude européenne ont poussé Tapiocashenko à la reddition en rase campagne. Depuis, les haussements d'épaule et les coups de menton ridicules du régime, que nous avons plusieurs fois rapportés sur ce site, ne sont que tempête dans un verre d'eau visant à cacher maladroitement la douloureuse expectative et empêcher la révolte déjà presque ouverte des milices néo-nazies, intransigeantes sur tout compromis avec les séparatistes.

Kiev a tenté ces derniers mois un baroud d'honneur, refusant de respecter les clauses de Minsk : refus de négocier directement avec les séparatistes, refus d'accorder ou même de mentionner un status spécial pour le Donbass, refus d'une amnistie, refus de désarmer les milices nationalistes... Poroclown est même allé plus loin, pondant des discours agressifs et menaçant début août de reprendre les hostilités. Les simagrées du roi du chocolat ont fait long feu car Merkel (et Hollande dans sa roue) y a mis le holà.

Une nouvelle guerre se serait vraisemblablement terminée par une nouvelle défaite, mais cette fois, Poutine n'aurait pas arrêté les séparatistes qui auraient poussé la chansonnette jusqu'à Kiev. Quant à l'économie européenne, elle souffre vraiment des contre-sanctions russes qui touchent de nombreux secteurs (industrie allemande, agriculture française). Bref, pour les eurocrates, il n'est plus question de soutenir à n'importe quel prix un régime fantoche pour les beaux yeux de Washington.

Quand Tapiocashenko a laissé entendre que les accords de Minsk pouvaient peut-être être renégociés, il s'est pris une volée de bois vert par Berlin et Paris. Et durant le sommet de Paris la semaine dernière, Merkel et Hollande ont au contraire utilisé à plusieurs reprise le terme de "statut spécial" pour le Donbass. Les discussions de Paris se sont déroulées entre les deux boss de l'Europe, Poutine et Merkel, assis face à face, les présidents français et ukrainiens étant relégués au rang de ministres des Affaires étrangères bis.

Tous les termes des accords de Minsk ont été remis sur la table avec insistance tandis que le sujet de la Crimée est définitivement évacué (russe elle était, russe elle restera). Pas étonnant que Porky faisait grise mine en partant... Tout juste Vladimirovitch, bon prince, a-t-il accepté de convaincre les séparatistes de reporter les élections locales de quelques mois.

Cette convergence russo-européenne sur l'Ukraine prend place dans un contexte plus général de rapprochement entre Moscou et le Vieux continent. Les appels à la fin du régime de sanctions, imposé par Washington aux petits Européens tremblants, se multiplient. Derniers en date : le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, et le patron de la Commission européenne, le contorsionniste Juncker.

Mais c'est surtout dans le gaz que les choses deviennent intéressantes. Le doublement du Nord Stream, qui au passage réduit l'importance du Turk Stream dont capacité prévue est maintenant réduite de moitié, n'a évidemment pu être accepté qu'avec l'accord tacite de Berlin. Contre vents et marées US, Gazprom reste incontournable sur le marché européen où le gaz russe augmente même sa part. En attendant la construction des tubes 3 et 4, le transit par l'Ukraine (jusqu'en 2019) sera financièrement assuré par... l'UE ! Nous l'avons vu il y a quelques jours, Bruxelles a payé l'ardoise de Kiev (500 millions) pour s'assurer que les petits voleurs ukrainiens ne siphonneront pas le gaz à destination de l'Europe. Jusqu'en 2019, les apprentis-sorcier eurocrates se coltineront le boulet ukrainien qu'ils ont aidé à créer. Ensuite, une fois le doublement du Nord Stream achevé, l'UE pourra se débarrasser de l'Ukraine et la jeter au panier. Si tant est que l'Ukraine existe toujours vu le cataclysme économique, financier et politique qu'elle connaît... et si tant est que l'UE existe toujours elle aussi !

Tag(s) : #Ukraine, #Europe, #Russie, #Gaz, #Etats-Unis

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