Au Venezuela, rien ne marche comme prévu pour l'empire. Si Washington pensait que sa reconnaissance de l'auto-proclamé suffirait pour lancer une foule enivrée à l'assaut du pouvoir, la déception doit être cruelle. Fort marris, les Américains en sont réduits à multiplier leurs attaques contre le système électrique du pays, ce dont essaie de profiter cyniquement Guaido.
L'une des plus éminentes représentantes de la presstituée US, Rachel Maddow, qui se fait d'ailleurs démolir par ses anciens amis et collègues de la MSN depuis le flop du soit-disant Russiagate, nous avait fait pleurer de rire il y a quelques semaines. Avec des trémolos dans la voix, elle prévenait ses compatriotes que la Russie et la Chine (qui d'autres ?) pouvaient à tout moment lancer des cyber-attaques contre le réseau électrique états-unien, menaçant de faire mourir de froid les pauvres habitants du Dakota...
Sans surprise, quand sa chère CIA ressort à ces pratiques peu glorieuses au Venezuela, on ne l'entend évidemment plus.
Comme on le sait, Moscou a dépêché, en plus de 35 tonnes de matériel dont on aimerait bien connaître la teneur, une centaine de militaires à Caracas la semaine dernière : quelques forces spéciales mais surtout des spécialistes en électronique, bien utiles en ces temps de piratage cybernétique. Ce facteur de dissuasion exaspère proprement Washington. Le vice Pence parle de "provocation inattendue", le ripoux Abrams, dans tous les mauvais coups depuis trente ans, claironne que "la Russie en paiera le prix", tandis que Bolton en perd carrément sa moustache : "restez en dehors de notre hémisphère !".
La réponse russe, cinglante, ne s'est pas fait attendre : mêlez-vous de vos affaires et partez de Syrie avant de donner des leçons. Chose intéressante, Pékin en a rajouté une couche inhabituellement acerbe dans sa tradition diplomatique : "Le continent américain n'appartient à aucun pays et n'est l'arrière-cour de personne". A bon entendeur...
Présence russe accrue et rassurante en ces temps troublés, astucieuse condamnation de l'auto-proclamé à quinze ans d'inéligibilité pour utilisation de fonds étrangers, remise en service du principal terminal pétrolier après son cyber-sabotage, début des livraisons humanitaires de la Croix Rouge dans deux semaines... Les mauvaises nouvelles s'accumulent pour l'empire et sa politique du pire.
Est-ce ce sentiment d'impuissance qui a poussé le Donald à une surprenante et sévère accusation de son allié colombien, qui en est d'ailleurs resté bouche bée ? Certes, il parlait du trafic de drogues et non du Venezuela. Mais on sait aussi que, sur la scène internationale, à la tortueuse diplomatie indirecte, une réprimande publique sur tel dossier cache parfois une critique voilée sur tel autre dossier. Les Américains, exaspérés de voir leur tentative de coup d'Etat échouer jusqu'à présent, reprochent-ils à Bogotá de ne pas en avoir assez fait contre son voisin ? Est-ce une menace inavouée visant à mettre la pression sur les Colombiens pour qu'ils collaborent plus étroitement au renversement de Maduro, par exemple en acceptant l'envoi de plusieurs milliers de soldats US supplémentaires ? L'avenir nous le dira...