En Syrie, la situation évolue très vite depuis quelques jours et ce n'est pas pour plaire à McCainistan... Les deux pinces loyalistes, septentrionale et méridionale, se referment inexorablement quoique pas toujours facilement sur l'Etat Islamique. En ligne de mire, Deir ez-Zoor et, plus loin, la frontière syro-irakienne.
Au nord, les Forces du Tigre continuent leur chevauchée fantastique engagée il y a deux mois. Parties de l'est d'Alep, les voilà maintenant qui ont contourné Raqqa par le sud et se trouvent à 40 kilomètres seulement de Deir ez-Zoor, ayant repris au passage un grand nombre de puits de pétrole :
Les villages et carrefours tombent les uns après les autres, l'Euphrate est atteint et les Kurdes bloqués vers le sud si tant est qu'ils aient de telles velléités.
N'insistant pas sur le font central, où Daech a posé de solides verrous défensifs (Soukhna) et où la progression est plus lente, les loyalistes mettent à profit le blitz royal du mois de juin au sud. Ca ne va pas toujours sans difficulté, comme l'a montré le petit désastre d'il y a quelques jours quand une colonne de djihadistes sortie de nulle part a fait main basse sur un poste avancé et tué 25 soldats.
Mais l'avance de l'armée a maintenant repris et des rapports du ministère russe de la Défense, qui on s'en doute est plutôt bien informé, font état de la prise du T2 et d'une puissante avancée le long de la frontière ces dernières heures. Al Bukamal, noeud stratégique, ne serait plus qu'à 26 kilomètres :
En filigrane, l'arc chiite et une belle crise de nerfs à Riyad et Tel Aviv. Quand on pense à ce qu'était la situation il y a seulement onze petits mois...
Pendant ce temps, l'Idlibistan s'enfonce toujours un peu plus dans le marasme. La capitale du mini-salafistan est désormais entièrement aux mains d'Al Qaida tandis que des centaines de combattants d'Ahrar al-Cham s'échappent en Turquie.
Situation à double tranchant. D'un côté, la qaédisation de cette province serait un prétexte parfait pour Damas afin de lancer la reconquête de cette excroissance barbue. Mais c'est aussi là que le sultan pourrait se raccrocher aux branches après deux ans de désillusions syriennes. Parrain d'Ahrar al-Cham, Ankara menaçait il y a quelques jours d'intervenir contre Al Qaeda pour remettre en selle ses petits protégés. Prétexte en or, même si en réalité les Turcs ne peuvent sans doute pas se lancer dans la périlleuse aventure sans l'accord de Moscou. Sauf surprise, la réponse devrait se résumer à un sonore Nyet !