Premier jeu de stratégie de l'histoire de l'humanité. le go se moque pourtant du calcul : la position d'un pion évolue au fur et à mesure que l'on pose les autres, leur relation de plus en plus complexe formant des labyrinthes évolutifs et imprévisibles, des serpents s'entourant l'un l'autre.
Le champ de bataille d'Alep ressemble étrangement à un goban où loyalistes et djihadistes se contournent et s'encerclent à tour de rôle. Hier encore, les forces syriennes ceinturaient les rebelles à Alep Est. L'offensive réussie des barbus (flèche en vert sur la carte) perce le blocus mais isole à son tour les gouvernementaux à Alep Ouest en coupant leur voie de ravitaillement ! En quelques heures, suivant les préceptes multimillénaires du go, l'assiégeant devient l'assiégé...
De manière assez ironique, les deux parties d'Alep sont en réalité maintenant cernées du fait de l'incroyable enchevêtrement des lignes. Si l'offensive djihadiste a été suffisante pour isoler (momentanément ?) la partie occidentale de la ville, la voie ouverte vers la section rebelle orientale est bien trop petite et sous le constant bombardement russo-syrien pour être d'une quelconque utilité aux barbus.
Ces derniers ont concentré d'importants effectifs et payé le prix fort (des centaines de morts) pour effectuer cette incertaine percée, mais des renforts massifs arrivent du côté gouvernemental afin de les repousser. Moment important dans cette guerre syrienne.
Partout ailleurs, ça avance : nord de la province de Lattaquié où une embûche aurait d'ailleurs laissé (le conditionnel est de mise) une cinquantaine de djihadistes sur le carreau, Deraa où des centaines de rebelles se sont rendus pour bénéficier de l'amnistie présidentielle, Darayya à l'ouest de Damas. Quant aux Kurdes, ils ont enfin mis la main sur Manjib, après deux mois de combats acharnés contre Daech. Ce qui donne une idée de la difficulté de reprendre Alep, ville dix fois plus grande...