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Réponse du berger à la bergère ou propagande as usual ?

Le 14 juin, le notoirement russophobe Washington Post révélait que des hackers liés au gouvernement russe avaient piraté pendant un an les ordinateurs du Parti démocrate US, notamment les dossiers concernant Donald Trump. Résumé en français de l'affaire :

Les pirates informatiques ont œuvré pendant près d'un an avant d'être stoppés. Ces hackers, liés au gouvernement russe, ont massivement fouillé et volé des données dans les ordinateurs du parti démocrate américain à Washington.

Parmi les données volées figurent les volumineux dossiers de recherches sur le passé de Donald Trump, selon le Washington Post qui a révélé l'affaire mardi 14 juin. Ces enquêtes approfondies sont menées par des collaborateurs du parti qui épluchent chaque recoin de la vie du candidat, dans le but de trouver des vulnérabilités politiques. Tous les partis mènent ce genre de recherches.

Des informaticiens du Comité démocrate national (DNC), les instances nationales du parti, ont donné l'alerte à la fin du mois d'avril, selon le quotidien. Le DNC a ensuite demandé à la société CrowdStrike d'intervenir pour identifier l'ampleur de l'intrusion et sécuriser le réseau.

Selon Dmitri Alperovitch, cofondateur de CrowdStrike, deux groupes russes distincts et bien connus s'étaient introduits à l'intérieur du réseau. Il s'agit de Cozy Bear, dont l'intrusion remonte à l'été 2015, et de Fancy Bear, qui a œuvré à partir d'avril 2016.

Cozy Bear a pu intercepter toutes les communications du parti. En 2014, ce même groupe avait réussi à pénétrer dans les systèmes de messagerie non classifiés du département d'État et de la Maison Blanche. Fancy Bear, lui, a ciblé et volé les dossiers relatifs à Donald Trump.

"Les deux intrus exécutent des missions d'espionnage politique et économique au profit du gouvernement de la Fédération de Russie et sont liés de près aux puissants services de renseignement russes", écrit ce responsable sur le site de l'entreprise.

Si c'est vrai, voilà une délicieuse réponse du berger à la bergère. Les Etats-Unis ont passé ces dernières décennies à tenter d'influencer nombre d'élections dans des pays considérés comme stratégiques, utilisant toutes les ficelles - noyautage des médias, pression des ONG américaines, mise sur pied de "mouvements populaires spontanés", soutien sans faille aux "opposants", accusations de fraude... Bref, l'habituel cocktail des révolutions, ou en l'occurrence des élections colorées. La Russie elle-même a senti l'ingérence US lors de l'élection présidentielle de 2012.

Cruel retour de bâton ! Alors que l'empire tangue, que sa politique étrangère se délite, qu'il est divisé comme jamais dans son histoire (la guerre Pentagone-CIA par groupes syriens interposés restera dans les annales) et qu'un candidat, Trump, clive totalement l'establishment et la société, voilà que Moscou rend la pareille à Washington.

Le piratage du Parti démocrate, qui montre entre autres le sabotage de la candidature de Bernie Sanders par l'appareil du parti ou la collusion avec certains médias "indépendants" (défense de rire), met l'hilarante Clinton dans une situation encore un peu plus difficile après le scandale du mois dernier. Pour son directeur de campagne, c'est en trop : Moscou est derrière afin de favoriser l'élection de Trump, réputé bien plus proche des vues russes (ce qui est totalement vrai). La chose n'est donc pas invraisemblable.

Sauf que... c'est peut-être l'inverse !

L'excellent Zero Hedge donne une version totalement différente. Les pirates n'auraient rien à voir avec les services russes, il s'agirait en réalité d'un certain Guccifer 2.0, hacker roumain fameux dans le milieu et qui a donné une interview pour expliquer en détail comment il a procédé. A la question "Travaillez-vous pour les Russes ?", il a nié catégoriquement : "Je n'aime pas les Russes et leur politique étrangère, je déteste qu'on me relie à eux."

Si cette version est la bonne, cela signifie tout simplement que le système donne dans l'habituel russian-bashing, alertant le bon peuple sur le terrible cyber-danger russe (tiens, tiens, la lutte contre la menace cyber de l'ours ne fait-elle justement pas partie des grandes résolutions de l'OTAN ?) Bref, propagande as usual, ce qui là non plus n'est pas invraisemblable.

Difficile, dans ce flot d'info et d'intox, de démêler le vrai du faux. A vous, chers lecteurs, de vous faire votre propre opinion...

Tag(s) : #Etats-Unis, #Russie

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