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Poutinus abracadabrus

Comment diable fait-il pour toujours retomber sur ses pattes ? Deux nouvelles d'importance hier, qui sont du pain béni pour le maître du Kremlin :

  1. l'armée syrienne avance dans le nord de la province de Lattaquié, près de la frontière turque, contre les djihadistes théoriquement soutenus par Ankara.
  2. Kerry a ouvert la porte à une possible exclusion de la Turquie de l'OTAN si le sultan ne respecte pas l'Etat de droit lors de sa purge !

Point commun : la Turquie. Méthode : laisser l'adversaire se lancer et lui faire une planchette japonaise. Ipon.

Résumons : il y a peu encore, l'OTAN affichait son unité tandis que la Turquie armait jusqu'à la mort les "rebelles" syriens et les laissait passer la frontière où ils voulaient. Et presque du jour au lendemain, patatras, retournement complet... Ankara semble avoir stoppé son soutien aux djihadistes (certainement l'une des conditions sine qua non de Poutine à Erdogan au rétablissement des relations). Et c'est maintenant au sein même de l'OTAN qu'il y a de l'eau dans le gaz, les deux plus gros contingents de l'organisation atlantique s'envoyant amabilité sur amabilité. Mieux vaut avoir le coeur bien accroché devant un tel mouvement de bascule...

Alors bien sûr, Vladimirovitch n'est pas entièrement responsable de ce renversement, les circonstances (la tentative de putsch de vendredi par exemple) ont également leur part. Mais il a l'art de se placer de telle façon que les événements finissent toujours par jouer en sa faveur.

Il a désormais :

  • les mains à peu près libres en Syrie (à confirmer tout de même, byzantinisme moyen-oriental oblige)
  • les excuses d'Erdogan pour l'incident du Su-24 et le châtiment pour les auteurs (tiens, ce sont maintenant les deux pilotes turcs, et non plus un seul, qui sont arrêtés)
  • un prestige accru au Moyen-Orient, non seulement pour l'intervention syrienne mais aussi pour avoir fait ravaler sa fierté au sultan, peu habitué à ça.
  • une Turquie affaiblie car divisée en face de lui, où il détient maintenant plusieurs atouts (Erdogan qu'il a peut-être sauvé et qui paraît lui être redevable, mais aussi le PKK kurde).
  • cerise sur le gâteau, une OTAN divisée elle aussi, ce qui ne manque pas de sel moins d'un mois après le Brexit. Ca commence à tanguer sérieusement du côté de l'empire...
Tag(s) : #Moyen-Orient, #Russie, #Etats-Unis

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