Les fidèles lecteurs de ce blog auront été parmi les premiers informés de ce qui est peut-être en train de se tramer à Ankara. Ce que nous disions il y a cinq jours est en effet suffisamment sérieux pour que l'armée turque émette un inhabituel communiqué, démentant toute velléité de coup d’État contre Erdogan. Prise de position sincère ou tentative d'endormir la méfiance sultanesque ? Il est pour l'instant impossible de le savoir. Mais le fait même que cela soit publiquement évoqué et que l'état-major en vienne à prendre position montre que le sultan se rapproche dangereusement de l’œil du cyclone.
Le hasard faisant bien les choses, il est actuellement en visite à Washington, précisément au moment où le Pentagone ordonne à des centaines de familles de soldats américains présents en Turquie de quitter le pays. Là encore, il est difficile de connaître la raison exacte de cette décision : peur d'un conflit entre Turcs et Russes, crainte que la Turquie ne s'enfonce dans la guerre civile, possibilité que Daech passe massivement la frontière syro-turque après l'offensive du 4+1 ? Tout est possible...
A Washington, le sultan a d'abord été victime d'un camouflet de la part d'Obama qui ne prévoyait pas de le rencontrer, avant de finalement s'entretenir avec lui en marge du sommet sur la sécurité nucléaire. Mais la visite d'Erdogan a sombré dans la confusion, des heurts éclatant entre manifestants et journalistes d'une part, service de sécurité turc d'autre part. Même les médias de l'empire semblent prendre leurs distances avec l'erratique leader de la deuxième puissance militaire de l'OTAN.
Son comportement ne laisse de surprendre : il semble tout faire pour se mettre à dos ses alliés occidentaux de plus en plus distants, les seuls pourtant qui lui restent au terme de sa longue descente aux enfers. Dans la même veine, la convocation de l'ambassadeur allemand après une chanson parodique sur le Grand leader a fait s'esclaffer l'Allemagne toute entière, la grosse Bertha Angela ne sachant plus où se mettre...
Le sultan cherche-t-il donc à concurrencer Kim Jong-un pour le titre de paria planétaire ? On dirait bien...