Nous avons évoqué hier trois incendies - Irak vs Turquie, Russie vs Turquie, Etats-Unis vs Damas - qui, s'ils se ne sont pas éteints, pourraient bien faire s'embraser le Moyen-Orient. Or, loin de se calmer, le feu repart de plus belle.
Jusqu'où ira donc la république bananière d'Erdogan ? Ankara refuse en effet de retirer ses troupes d'Irak comme le lui intime pourtant Bagdad. La situation est ubuesque et Davotuglu, le premier ministre turc, ne craint pas le ridicule quand il affirme que les autorités irakiennes ont autorisé le déploiement - ce dont elles n'ont apparemment pas le souvenir. Encore plus absurdes sont ses récriminations sur les... "provocations" irakiennes !
Résumons : la Turquie envoie des troupes dans un pays souverain sans sa permission, prétend contre toute vraisemblance que ce pays l'a autorisé à le faire et ose parler de "provocation" quand le pays envahi se plaint. Erdogan ou le foutage de g.... en 3D. Au XIXème siècle, la Turquie était souvent appelée "l'homme malade de l'Europe" du fait de sa faiblesse. Le sultan a réussi en ce début de XXIème à faire de son pays le malade mental de l'Eurasie. Que pense l'OTAN de la pomme pourrie dans son panier ?
En plus de la menace porter l'affaire devant le Conseil de sécurité de l'ONU qui devrait se concrétiser ces prochaines heures, Bagdad envisage maintenant des sanctions contre la Turquie. Quant aux milices chiites irakiennes parrainées par l'Iran, qui avaient déjà de sérieux griefs envers Ankara accusée avec raison de soutenir Daech, elles appellent maintenant à cibler tout intérêt turc en Irak (pour ce genre de milice, "cibler" veut dire "éliminer").
Bien sûr, Ankara a d'excellentes raisons stratégiques : avoir une tête de pont près des champs pétroliers du nord de l'Irak et au coeur des voies de communication de ses ennemis de toujours (PKK et YPG), avoir son mot à dire lorsque l'EI perdra Mossoul et que le nord de l'Irak sera recomposé. Mais le sultan en herbe, tout à son rêve néo-ottoman, se rend-il compte de l'isolement de plus en plus sinistre de son pays, désormais en froid avec tous ses voisins ?
Et puisqu'on en parle, l'inénarrable Davotuglu remplit parfaitement son rôle de bouffon du pacha et s'en prend maintenant verbalement à la Russie qu'il menace de contre-sanctions, oubliant sans doute que c'est la Turquie qui a abattu un avion russe et non l'inverse - on ne voit d'ailleurs pas très bien quelles sanctions Ankara serait susceptible de mettre en oeuvre -, et, fait nouveau, à l'Iran.
Sur le front, cela n'empêche en tout cas pas l'armée irakienne de continuer son avancée : une partie de Ramadi a été reprise à Daech. Le fait a son importance car Ramadi est sur les arrière de Fallujah, ville symbole de l'Etat Islamique en passe d'être encerclée, comme Mossoul au nord.
Sur le théâtre d'opération syrien, les Sukhois continuent leurs mortelles (pour les terroristes modérés) escapades : 600 cibles en trois jours ainsi que les fameux missiles Klibr lancés à partir d'un sous-marin . L'armée syrienne progresse lentement mais sûrement sur à peu près tous les fronts. Mais un nouveau bombardement attribué aux Américains provoque une levée de boucliers. Un jour après avoir tué 3 soldats du régime à Deir Ez Zor et en avoir accusé de manière ridicule la Russie, l'oncle Sam frappe encore, tuant des dizaines de civils. Encore quelques bombardements comme ça et Poutine aura le prétexte tout trouvé pour déployer ses S400 sur tout le territoire syrien. D'ailleurs, deux nouvelles bases russes sont sur le point d'être achevées, se rapprochant dangereusement et de Daech et des avions américains.