Moscou et Téhéran prennent la main

Avant d'aborder le sujet, juste un petit mot sur la Turquie où décidément rien ne va plus. Cette fois, c'est un groupe radical d'extrême-gauche, le DHKP-C, qui a revendiqué la fusillade d'hier devant le palais du Premier ministre Davutoglu. Kurdes, EI, groupuscules extrémistes, malaise des Alevis chiites (10 à 15 millions d'habitants), instabilité politique et polarisation extrême de la société... N'en jetez plus !

Mais revenons à nos moutons. Comme nous l'avions annoncé, les grandes manoeuvres ont commencé au Moyen-Orient et Moscou et Téhéran sont en première ligne. Le 18, Lavrov et Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères, se sont rencontrés à Moscou pour discuter du conflit syrien. Les deux sont sur la même longueur d'onde : une Syrie unitaire, des institutions préservées (armée, administration), un dialogue national sans pré-conditions comme le serait le départ d'Assad... En un mot, les conditions de Genève 2012. Chose intéressante, il semble que l'Arabie saoudite, principal foyer de déstabilisation en Syrie, se rapproche (timidement certes) de cette position. Ah cette rencontre de St Petersbourg dont on n'a pas fini de parler... Désormais, Riyad écoute également les propositions de Téhéran.

L'Iran est en pleine bourre et le rapprochement avec la Russie s'accélère. Si les stratèges américains pensaient apprivoiser Téhéran avec l'accord sur le nucléaire, c'est raté. Coordination de la lutte anti-terroriste en général et contre l'EI en particulier, accord sur la livraison par Moscou des fameux S-300 rendant le territoire iranien à peu près intouchable (grise mine à Tel Aviv). Et bientôt, l'entrée de l'Iran dans l'Organisation de Coopération de Shanghai. Heartland et Rimland commencent à s'unir. Le cauchemar de MacKinder...