Sauf erreur de ma part, l'information est passée inaperçue dans la presse française ; elle est pourtant d'importance... Selon le Wall Street Journal, Obama a autorisé l'aviation US à intervenir contre tout assaillant qui s'en prendrait aux rebelles syriens dits "modérés" entraînés et soutenus par Washington. Cela reviendrait à bombarder l'Etat Islamique et Al Nosra (= Al Qaeda) mais aussi les troupes loyalistes de Bachar al Assad ! C'est un tournant de la politique américaine en Syrie et l'on ne comprend pas très bien son timing ni sa logique
- par rapport à Assad, alors que beaucoup d'eau avait coulé sous les ponts depuis la menace d'intervention de septembre 2013, qu'un rapprochement avec Damas semblait dans les tuyaux et qu'un rapprochement avec l'Iran a lieu suite à l'accord sur le nucléaire
- par rapport aux groupes djihadistes (EI, Al Nosra) que Washington et/ou ses proxies (Arabie Saoudite, Qatar, Israël, Turquie) soutenaient il y a encore quelques jours
- par rapport aux rebelles dits "modérés" dont le nombre ridicule (60 au lieu des 5 000/an prévus) est sans rapport avec l'importance dont les gratifie la décision d'Obama.
Justement, ne serait-ce pas la clé de toute cette affaire ? En promettant de bombarder ceux qui s'en prendraient à leurs quelques malheureuses dizaines de créatures, les Américains ne bombarderont en réalité personne. Une sorte de plan de com' dont ils sont coutumiers pour cacher un désengagement de Syrie ? Difficile à dire car cette décision peut tout aussi bien signifier le contraire et conduire à une escalade de l'engagement US : on commence par ne soutenir que les rebelles syriens "modérés" de manière défensive avant d'étendre les opérations et de passer à l'offensive. L'impression de navigation à vue que donne l'administration Obama depuis des années n'aide pas à y voir clair. La question est en tout cas suffisamment sérieuse pour que Lavrov et Kerry en discutent. A suivre avec attention...