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... passée totalement inaperçue mais qui vaut son pesant de cacahuètes.

La Méditerranée orientale est à la mode. Les analyses plus ou moins valables fleurissent, mélangeant allègrement le vrai et le moins vrai : impérialisme néo-ottoman, compétition des puissances régionales, réserves gazières (exagérées).

Un fait ô combien significatif n'a pourtant pas eu l'heur de faire les gros titres : la semaine dernière, la marine russe a escorté un tanker iranien à destination des côtes syriennes. Pour l'US Navy Institute, seul à rapporter l'information, le nouveau rôle de Moscou pourrait changer la dynamique de la région.

On se rappelle que :

Début juillet [2019, ndlr], les Britanniques avaient saisi un pétrolier iranien au large de Gibraltar, symbolisant à merveille l'une des principales problématiques du Grand jeu : la nécessaire intégration de l'Eurasie continentale face au harcèlement naval de la thalassocratie anglo-saxonne.

Réponse du berger perse à la bergère anglaise. Deux semaines après l'acte de piraterie de la perfide Albion et quelques minutes après que la justice de Gibraltar ait décidé de prolonger d'un mois l'immobilisation du bateau, les Gardiens de la révolution viennent d'arraisonner un tanker british près du détroit d'Ormuz. Et, à l'heure où nous parlons, il se peut même qu'un second pétrolier ait été stoppé et prenne la direction des côtes iraniennes.

Le prétexte officiel de Londres reposait sur les sanctions européennes prises à l'encontre de Damas. De fait, comme pour le Venezuela, chaque voyage d'un tanker iranien à destination de la Syrie comporte son lot d'incertitudes et de pressions en tout genre. Va-t-il arriver ? Sera-t-il intercepté ? Si oui, Téhéran va-t-il répondre dans le Golfe persique ? Il semble maintenant que l'ours ait décidé de taper du poing sur la table.

La semaine dernière, le Samah est entré en Méditerranée, via le Canal de Suez cette fois. Presque immédiatement, deux navires russes, dont un militaire, sont venus à sa rencontre. Les trois compères ont ensuite fait voile vers le terminal pétrolier syrien de Baniyas où le Samah a déchargé sa cargaison d'or noir très attendue.

Ce petit périple escorté est un pied de nez direct à Washington et à son Caesar Act, que le Kremlin avait de toute façon annoncé vouloir contourner. Plus généralement, Moscou commence à se poser en patron de la sécurité en Méditerranée orientale, ambitionnant d'assurer "la libre circulation des bateaux civils". La marine russe vient d'ailleurs de procéder à un exercice en ce sens, incluant même l'attaque simulée par un sous-marin.

Cette petite sauterie, médiatisée comme il convient et intervenant juste après la livraison du Samah, le message n'a échappé à personne : ne touchez plus aux pétroliers iraniens. La balle est dans le camp de l'empire...

 

Tag(s) : #Moyen-Orient, #Russie

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