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Je te tiens, tu me tiens... MAJ 3

Vases communicants à Idlib. Le sultan sauve légèrement la face en reprenant, par l'intermédiaire de ses proxies barbus, Saraqib, coupant de nouveau la M5. Ce succès de prestige, très certainement temporaire, cache mal la débandade par ailleurs. Si Saraqib a été reperdue par les loyalistes, c'est que le gros de leurs forces est parti plus au sud reconquérir les plaines d'Al Ghab.

 En terme de surface, l'opération est bonne :

Mais c'est surtout sur le plan stratégique que la chose est d'importance. La réduction de ce saillant djihadiste (2), épine dans le pied loyaliste depuis longtemps, fait plus que compenser la perte de Saraqib (1). Elle permet de :

  1. sécuriser la ligne Lattaquié-Hama
  2. réduire grandement la ligne de front qui immobilisait de gros effectifs
  3. créer une plateforme pour avancer sur la M4.

De fait, plusieurs positions barbues le long de cette autre artère vitale ont commencé à être bombardées, ainsi que les environs de Jisr al-Chougour, ville symbole de la rébellion. L'ouverture de ce nouveau front est tout sauf une bonne nouvelle pour les Turcs, qui ont encore perdu trois soldats, tués dans un bombardement syrien ou russe.

Il semble d'ailleurs que, malgré le Turk Stream, il y ait, cette fois, réellement de l'eau dans le gaz entre l'ours et le sultan. Le changement de ton ne trompe pas. L'ambassadeur russe à l'ONU, soutenu fortement par la Chine, martèle que les terroristes doivent être éradiqués, la télévision publique accuse directement les militaires ottomans de tirer sur les avions russes et Poutine n'est pas du tout intéressé par une rencontre avec Erdogan le 5 mars. Ce qui n'empêche pas les Turcs de demander sans rire aux à Moscou d'ouvrir l'espace aérien syrien à leur drones. A défaut de résultats sur le terrain, Ankara bat tous les records d'humour...

Aux toutes dernières nouvelles, les loyalistes tentent de reprendre Saraqib. A suivre.

*** MAJ ***

Ca doit être la première fois que nous faisons une mise à jour aussi rapide mais les événements se précipitent.

Plusieurs sources, dont des sites pro-barbus, indiquent qu'un monumental bombardement russe sur un convoi turc a fait des dizaines de morts et blessés (l'armée turque semble indiquer 32 morts). Les hôpitaux du coté turc de la frontière reçoivent les blessés. Erdogan préside à une réunion d'urgence de son conseil de sécurité ainsi que les principaux partis politiques.

Il se murmure, mais c'est à confirmer, que les troupes ottomanes se sont retirées de Saraqib, où les djihadistes laissés à eux-mêmes se font vaporiser par l'aviation russo-syrienne.

*** MAJ 29.02 ***

Quelque chose semble se préparer à Idlib...

Les événements semblent incompréhensibles depuis deux jours : loin de profiter de leur avantage, les Syro-russes ont complètement perdu la dynamique, les Russes laissant même la maîtrise du ciel aux drones turcs. Si la propagande d'Ankara a carrément utilisé des vidéos de Libye pour se faire mousser et que les fake news turco-barbues ont fleuri, si ces mêmes turco-barbus sont passés à la moulinette en plusieurs endroits, les dégâts sont néanmoins apparemment importants du côté loyaliste et même irano-hezbollah sans que ceux-ci ne réagissent.

Pourquoi ce soudain abattement ? Pourquoi cette mollesse ? Pourquoi cette docilité ? Poutine s'est-il encore plié de manière incompréhensible devant un sultan pourtant aux abois ? Ces questions sont sur toutes les lèvres depuis deux jours.

Peut-être pas pour longtemps... Plusieurs observateurs généralement bien renseignés affirment qu'une petite surprise se prépare et que la carte de l'Idlibistan risque de changer. Pour apporter encore à la confusion, n'oublions pas que l'ultimatum du sultan arrivait à échéance ce samedi 29 février. Or dès minuit, les avions russes ont repris le ciel et immédiatement renvoyé chez eux des F16 ottomans qui faisaient mine de survoler Idlib.

Moscou a-t-il adressé un contre-ultimatum à Ankara (vous avez jusqu'à fin février pour quitter les lieux) ? Erdogan sauve-t-il la face devant son opinion publique avant de lâcher en rase campagne ses petits protégés idlibiens ?

Wait and see...

*** MAJ 1.03 ***

En attendant que les brumes se lèvent sur le petit jeu peu reluisant qui se déroule en coulisses et dans lequel la Russie de Poutine pourrait perdre une partie du crédit qu'elle a si chèrement acquis durant cinq ans, voici les dernières nouvelles.

Le sultan a donc déclenché son opération militaire mais, s'il comptait sur l'inexplicable passivité de ses adversaires ces derniers jours, il s'est trompé. Les Turcs ont certes abattu deux avions syriens mais ont apparemment perdu une dizaine de drones dans l'affaire. Quand on sait que ces joujoux technologiques valent au bas mot une trentaine de millions de dollars pièce (plus cher que les vieux MiG d'Assad qui sont de toute façon fournis gratuitement par Moscou), l'opération financière est bien mauvaise pour Ankara. A ce rythme (300 millions de dollars par jour), la petite aventure ottomane risque de tourner court...

Sur le terrain, c'est "vases communicants" à l'envers. Nous avons ouvert ce billet il y a trois jours en montrant que les loyalistes gagnaient dans la plaine d'Al Ghab ce qu'ils perdaient à Saraqib : c'est maintenant l'inverse. Ils reprennent l'initiative à Saraqib et ont remis la main sur un certain nombre de points perdus ; dans le même temps, les barbus ont récupéré une partie des territoires dont ils avaient été dépossédés plus au sud.

Sur le plan diplomatique, Damas a envoyé une facétieuse pique au sultan en invitant une délégation du général libyen Haftar (la bête noire d'Ankara) qu'elle reconnaît désormais comme le gouvernement légal de ce pays.

Quant à l'ours, en attendant un éventuel lapin sorti du chapeau le 5 mars, il a ouvert un œil en rejetant le laïus sultanesque. Chose intéressante, c'est Peskov qui s'y est mis. Le porte-parole du Kremlin est pourtant connu pour faire partie du courant turcophile mais il a martelé le mantra de Moscou : Nous sommes les seuls invités par le gouvernement légal de Damas, toute autre présence est illégale, la Turquie n'a pas respecté ses engagements etc. etc. Ne reste plus qu'à mettre ses actes en accord avec ses paroles...

Tag(s) : #Moyen-Orient

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