Ca va mal pour les modérément modérés et ce n'est pas cette jolie combattante loyaliste qui dira le contraire... L'armée syrienne est à l'offensive en deux points cruciaux et nous nous trouvons peut-être à une étape importante du conflit. Si elle réussit à gagner ces deux batailles et à avancer résolument, la guerre en sera raccourcie d'autant.
A l'est de Damas, les opérations ont redoublé pour réduire la poche de la Ghouta, épine dans le pied du gouvernement depuis le début du conflit et enclave barbue dans un océan loyaliste. C'est là qu'Al Nosra avait perpétré son false flag chimique en 2013, c'est de là que partent les bombardements qui touchent parfois la capitale.
L'armée avance à Qaboun, un district séparé de la zone rebelle principale, où les pertes djihadistes sont sérieuses et, dans le même temps, lance une attaque en un point stratégique de la Ghouta orientale. A vrai dire, il est difficile de savoir combien de soldats sont impliqués et si ce sont les prémices d'une offensive générale. L'armée est fort occupée par ailleurs (Hama, Deraa, Palmyre) et il n'est pas sûr qu'elle ait suffisamment d'hommes pour lancer un assaut total sur la Ghouta.
Si c'est néanmoins le cas, nous assistons à un tournant. Car la réduction de la poche sanctuariserait la région de Damas (au sud, le camp de Yarmouk est calme) et libérerait des milliers de soldats pour les autres opérations. Notamment dans le nord...
Car là, les choses sérieuses commencent. L'offensive qaédiste a été stoppée net fin mars (bien avant l'affaire chimique de Khan Cheikhoun donc, contrairement à ce qu'assènent les propagandistes). Elle se transforme maintenant en retraite frisant la débandade, l'armée reprenant ville après ville, aidée en cela par la toujours efficace aviation russe.
Les pertes barbues sont sévères et Al Qaeda vient de sonner la mobilisation générale dans l'Idlibistan afin de rameuter des renforts. Avec le risque de dégarnir les autres fronts...
Les loyalistes ont-ils assez de forces disponibles pour en profiter en d'autres points de la ligne de front et s'enfoncer dans la dernière province "rebelle" ? Les Iraniens enverront-ils plus de miliciens chiites ? Malheureusement, votre serviteur n'est pas dans le secret des Dieux. Et il le regrette car on approche de l'instant T, d'autant que les légions d'Assad vont recevoir de jolis jouets.
Une force conséquente pourrait profiter de la fixation des djihadistes au nord de Hama et, plus généralement, de leur épuisement et de leur dispersion pour s'engouffrer dans l'Idlibistan. Ca ne sera certes pas une partie de plaisir, la résistance sera acharnée, mais c'est le moment où jamais, qui pourrait sérieusement raccourcir cette guerre interminable. Il est peut-être temps que le maître du Kremlin sorte un des atouts qu'il garde dans sa manche depuis deux ans :
Si tant est qu'il le décide, Poutine a peut-être déjà la solution pour l'éventuelle intervention terrestre qui fait si peur à son opinion publique. Le leader de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov a demandé à Vladimirovitch de lui permettre d'aller avec ses forces spéciales combattre l'Etat Islamique sur son terrain. Ce ne sont pas des paroles en l'air ; cela fait des années que Kadyrov veut en découdre avec les wahhabites et autres djihadistes, responsables de la mort de son père. L'on se souvient de son discours assez hallucinant fin décembre 2014 devant 10 000 rudes guerriers tchétchènes :
Nous allons prouver au monde que nous, Tchétchènes, sommes l'infanterie de Vladimir Poutine. Nous sommes prêts à défendre la Russie et accomplir n'importe quelle mission de combat. L'ennemi de la Russie, nous le confronterons où qu'il soit, y compris dans la propre tanière. Vive notre grande patrie la Russie ! Vive notre leader national, Vladimir Poutine ! Allah Akbar !
Une intervention tchétchène au sol contre l'EI serait assez populaire en Tchétchénie même et passerait sans doute mieux dans le reste de l'opinion russe. Toutefois, il serait intéressant de voir comment s'entendront Iraniens, Tchétchènes et Hezbollah...