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Cachemire, Iran, Venezuela, Corée, Syrie... Les points chauds du globe se multiplient dans un Grand jeu en perpétuel mouvement, encore compliqué par l'erratisme de la tête impériale suite à l'élection de Trump. L'Inde et le Pakistan sont en crise ouverte et s'échangent joyeusement obus et bisbilles aériennes suite à l'attentat cachemiri. Le Venezuela attend toujours la tentative de putsch de Washington, qui commence à traîner en longueur après le fiasco de Cúcuta où le "concert humanitaire" a fait un flop musical assourdissant et l'aide américaine a été stoppée net. L'auto-proclamé Guaido est sorti du pays et ne sait plus trop comment y rentrer... En Syrie, le califat daéchique vit ses dernières heures et l'incertitude demeure sur la suite des événements qui sous-tendent la grande problématique de la guerre, à savoir la reconstitution totale de l'arc chiite. Le sommet Donald-Kim III d'Hanoï a échoué, laissant lui aussi dans l'expectative la question fondamentale derrière l'événementiel coréen : la présence militaire US en Extrême-Orient et le containment de l'Eurasie dans le Pacifique. Ne parlons même pas de la Baltique, où le Nord Stream II avance à grands pas (déjà 70% de tubes posés !), ni de l'Afghanistan où les Talibans progressent encore et sont l'un des éléments clé de la recomposition de l'Asie centrale et de la Caspienne, zone stratégique entre toutes.

Mais laissons un instant tout cela et quittons notre bonne vieille Terre pour conter fleurette à cette chère Séléné, déesse grecque de la lune. Dans un billet novateur, un honorable correspondant de nos Chroniques abordait un point extrêmement important il y a deux ans :

Dans ce contexte de nouvelle ruée vers l'or, il convient de se demander quel cadre juridique est à l’heure actuelle en place pour contrôler l’expansion commerciale terrestre sur les corps célestes comme les planètes. Et à cette question, la réponse est bien mince. Oh, il existe bien un traité poussiéreux de l’ONU datant de 1967, qui interdisait à toute nation de s’approprier tout ou partie d’un corps céleste, ainsi que d’y installer une quelconque présence militaire.

Mais l’administration Obama a décidé de rouler dessus avec le Space Resource Act voté par le Congrès en juin 2015, qui invalide explicitement et unilatéralement les accords de non-appropriation. Son contenu est simple : le Président a toute latitude pour faciliter l’accès aux ressources extra-terrestres, leur transfert ininterrompu et leur libre vente par des entreprises américaines. Il va de soi que de telles opérations seront encadrées, cofinancées et/ou équipées par le complexe militaro-industriel, les enjeux étant trop immenses pour être laissés à la chance.

Comment garantir aux futures colonies minières, sur la Lune ou ailleurs, la sécurité des hommes et des équipements engagés ? À cette question aussi, la réponse est simple, typiquement américaine : on apprenait il y a seulement quelques jours la création d’un corps de Marines de l’espace au sein de l’armée américaine, sous le commandement d’un général 3-étoiles. Le Congrès est plutôt pour ; du côté de l’Air Force par contre, qui s’occupe ordinairement de ces affaires, on n’est pas du tout mais alors pas du tout content. Mais doit-on encore s’étonner des frasques de l’appareil US, prisonnier de ses annonces, annonces d’annonces et annonces d’annonces d’annonces…

Pas de réaction publique côté OCS, comme souvent. Les Chinois sont déjà sur la Lune depuis plusieurs années de toute façon, et les Russes ont toujours le quasi-monopole du marché du vol habité (...) Au-delà de ces considérations politiques, et en l’absence de toute législation solide, comment éviter également la privatisation galopante qui menace à court terme d’envahir la Lune, et au-delà, Mars et la ceinture d’astéroïdes ? Derrière les géants 3.0, c’est une armada d’entreprises de toutes origines qui se précipite pour glaner une part du gâteau. Accès commercial à l’espace, télécommunications, services de fret… C’est toute une logistique qui se met en place, avec pour seul but l’exploitation totale et froidement efficace de toutes les ressources accessibles dans l’espace plus ou moins proche (...)

On comprend mieux dès lors la tendance protectionniste des États-Unis, qui resserrent leurs activités autour du profit strictement national, et le rapprochement Russie/Inde/Chine qui s’établit pour le bloc OCS. La bataille ne fait que commencer, et elle s’annonce âpre.

L'affaire devient sérieuse et ne relève plus de la science fiction. Des scientifiques européens viennent d'annoncer un ambitieux plan d'établissement de mines sur la lune pour la décennie à venir, rejoignant dans la danse Chinois, Américains, Russes et Indiens. Le but : un isotope à la valeur astronomique, très présent dans le régolithe, cette couche de poussière qui recouvre la Lune. Extrêmement rare sur terre, l'hélium 3 sert dans le domaine médical ou sécuritaire (détection des matériaux radioactifs). Surtout, il permettrait une fusion nucléaire propre, révolutionnant le concept d'énergie sur Terre en donnant lieu à la construction d'une foule de petits réacteurs. On comprend dans ces conditions que son prix atteigne des niveaux faramineux : entre 3 et 5 milliards la tonne ! Or la Lune en compte au bas mot 100 000 tonnes...

Pékin, qui accumule les succès spatiaux, prévoit déjà d'y installer des mines. Moscou est depuis longtemps intéressée par la colonisation lunaire. Dans cette question à mille milliards, l'empire répond également présent et la volonté, pour l'instant toute théorique, de créer des Marines de l'espace n'est évidemment pas sans rappeler les centaines de bases US le long des routes pétrolières de la planète. Dans l'espace comme sur Terre, l'axiome de base de la stratégie hégémonique impériale demeure : le contrôle énergétique à des fins de domination. Gageons que, comme ici-bas, Russes et Chinois ne l'entendront pas de cette oreille. De quoi troubler la tranquillité de la douce Séléné...

Tag(s) : #Chine, #Russie, #Etats-Unis

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