Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La journée des "trois conditions"

Ils semblent s'être donné le mot... Alors que la Russie pose trois conditions à Ankara pour rétablir le dialogue, la Turquie fait de même avec Israël.

Moscou exige des Turcs qu'ils présentent leurs excuses, que les responsables - ceux qui ont appuyé sur le bouton ou ceux qui ont donné l'ordre de le faire ? Ce n'est pas précisé - soient identifiés et punis, enfin que la Turquie paye des compensations à la Russie. C'est à prendre ou à laisser et l'ambassadeur russe n'a fait pas fait la dentelle : "Si nos attentes ne sont pas comblées, les autres déclarations turques ne nous intéresseront pas".

A moins de complètement perdre la face, Erdogan ne peut accepter (et c'est peut-être à dessein que Poutine présente de telles exigences). Pourtant, le sultan larmoyant a fait une énième tentative de rapprochement :

"Nous n'avons pas voulu nous retrouver dans une situation pareille mais une erreur s'est produite sur notre territoire souverain. Qui a commis cette faute ? Ce n'est pas le chef, bien entendu. Ce sont les pilotes qui ont été inattentifs et n'ont pas entendu nos avertissements (...) L'incident, qui a eu lieu à cause du pilote, ne doit pas influencer les relations des deux pays, surtout les relations stratégiques. Les conséquences de cet incident sur les relations bilatérales nous chagrinent vraiment. Nous ne voulons pas de tensions. Nous voulons continuer notre coopération stratégique avec la Russie dans le même sens qu'autrefois. Nous avons collaboré avec succès durant ces dix ou onze dernières années".

Pauvre chéri... Il pourrait peut-être expliquer pourquoi il a, selon le plus célèbre lanceur d'alertes turc, sorte de Julian Assange local, ordonné d'abattre un avion russe dans le ciel turc des semaines avant l'incident du 24 novembre. Le but : mobiliser ses électeurs et ressouder l'OTAN. Vraie ou fausse, cette info de WIkileaks corrobore de toute façon le déroulement de l'événement : si violation de l'espace aérien il y a eu, elle n'a de toute façon duré que quelques secondes. Les F16 turcs attendaient le Sukhoi, il n'y a guère de doute.

Fait intéressant, l'ambassadeur russe a également pointé du doigt la responsabilité des Loups gris dans la mort du pilote. Cette organisation ultranationaliste pan-turque, dont le mode opératoire consiste en attentats et autres assassinats, entretient des liens privilégiés avec les plus hautes autorités d'Ankara depuis des décennies. C'est d'ailleurs l'un de ses membres qui a tenté d'assassiner Jean-Paul II en 1982.

Dans le même temps, Erdogan tente de se rabibocher avec Israël après cinq ans de froid dû à l'incident de la flottille au large de Gaza. Coïncidence amusante, lui aussi pose trois conditions. Mais la soudaine offensive de charme turque ne dupe personne et surtout pas les Israéliens. Le sultan, de plus en plus isolé, semble vraiment mortifié par son incroyable bourde vis-à-vis de la Russie et tente un peu désespérément de trouver de nouveaux alliés. Il est terrifié à l'idée que Moscou coupe le gaz et lorgne avec intérêt sur les beaux gisements offshore au large des côtes israéliennes et palestiniennes.

La réponse de Tel Aviv est pour le moins rude. Une source proche de Netanyahou a déclaré que le leader turc "doit arrêter de dire des bêtises" tandis qu'une autre moque à demi-mot les "Turcs isolés". Caramba, encore raté...

Tag(s) : #Russie, #Moyen-Orient, #Gaz

Partager cet article

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :