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Dans la Rome des derniers temps de la République, alors que la personnalisation du pouvoir aiguisait les appétits, la conduite de la guerre devint pour beaucoup de généraux un moyen d'accroître leur popularité en vue des élections. Certains s'en étaient même fait une spécialité, tel Pompée qui, par l'entremise de ses agents restés sur place, entretenait savamment sa gloire...

Deux millénaires plus tard, Mike il voulut être César mais ne fut que Pompeo suivra-t-il ces traces ? C'est en tout cas ce qui ressort de certaines analyses depuis une dizaine de jours (ici ou ici par exemple). A quelques semaines des élections américaines, où la Houppette blonde et Joe l'Indien sont au coude-à-coude, l'occupant de la Maison Blanche va-t-il jouer son va-tout et se lancer dans une dangereuse marche à la guerre pour rameuter derrière le commander in chief le bon peuple états-unien ? Un grand classique de l'Histoire qui, comme on l'a vu plus haut, n'a rien de nouveau.

Pour ne rien arranger, le Washingtonistan, ne rêvant que d'étendre l'embargo sur les ventes d'armes à l'Iran, s'arrache les cheveux devant les camouflets qu'il subit à l'ONU. Par l'intermédiaire d'un Lavrov particulièrement en forme, les Russes ont déjà annoncé qu'ils ignoreraient purement et simplement les gesticulations américaines : « La Russie ne fondera d’aucune manière sa politique sur la base de ces exigences agressives et illégales. Washington veut se comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. A mon avis, les compétences diplomatiques de l’administration américaine actuelle sont presque perdues à jamais. »

De son côté, malgré les sanctions, l'Iran relève quelque peu la tête sur ses exportations de pétrole, au plus haut depuis un an et demi. Et bien sûr, il y a le projet d'accord sino-iranien qui a défrayé la chronique en juillet. Chose amusante, ses implications ont été exagérées à la fois par les durs à Téhéran (autour d'Ahmadinejab) et par les Iraniens exilés aux Etats-Unis, alliés aux néo-cons US.

S'il convient de ne pas tomber dans l'hyperbole, notamment dans le domaine militaire où certains esprits exaltés voyaient déjà des bases chinoises au pays de Cyrus, il n'en reste pas moins qu'il s'inscrit dans la droite ligne de la cordiale relation sino-iranienne et l'amplifie : routes de la Soie, investissements massifs dans le pétrole et le gaz, défense cybernétique et peut-être même pipelines vers la Chine...

Ce n'est pas un désastre stratégique pour Washington mais c'est, à coup sûr, une mauvaise nouvelle. Et là, les intérêts personnels du Donald (réélection) rejoignent les intérêts généraux du Deep State, ce qui n'est jamais bon signe.

Est-ce un hasard si un groupe aéronaval comprenant l'USS Nimitz est tout récemment entré dans le Golfe, d'ailleurs immédiatement survolé par des drones iraniens ? Selon la Navy, il s'agit d'une rotation normale mais rappelons que le Golfe n'avait plus vu de porte-avion américain depuis le mois de novembre.

Répondant du tac au tac, les Gardiens de la révolution ont annoncé l'ouverture d'une base navale ô combien importante à Sirik. On veut bien croire les responsables iraniens quand ils déclarent que cette tête de pont, dont la construction a demandé six ans, est « l'un des sites les plus stratégiques du pays. » Elle est située à l'entrée du fameux détroit d'Ormuz, où s'agglutinent les pétroliers du monde entier et où le drone américain avait été abattu l'année dernière.

Escalade en vue ? Les prochaines semaines peuvent s'avérer sportives...

 

Tag(s) : #Moyen-Orient

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