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La tête du système impérial continue d'envoyer des signaux contradictoires. A l'ONU, l'ambassadrice US pousse à l'adoption de sanctions à l'égard de la Syrie du fait de l'éventuel usage d'armes chimiques. Quand on connaît la fragilité de ce genre d'accusations occidentales, on ne sera pas surpris que la motion ait été rejetée par un double veto russe et chinois. Signe que Pékin, qui d'habitude préfère s'abstenir, s'engage plus résolument aux côtés de Moscou, Téhéran et Damas. L'Eurasie en marche...

Les pessimistes verront dans la position américaine la preuve que Trump s'est couché devant le parti de la guerre. Tout est perdu, fors l'honneur ! Sauf que... Le Donald ne varie pas d'un iota et continue par exemple à démolir la mafia médiatique à chacune de ses apparitions. Lors de son discours inaugural au Congrès, il a poursuivi sur la même ligne internationale - mais en plus courtois, circonstances obligent. "Je ne suis pas le président du monde, seulement celui des Etats-Unis (...) Nous dépensons des fortunes pour défendre les frontières de nombreux autres pays mais ne le faisons même pas pour nous-mêmes..." De quoi donner une crise d'urticaire aux interventionnistes néo-cons, libtards et autres joyeux drilles.

Le Congrès était divisé comme jamais entre Républicains se levant toutes les trente secondes pour l'applaudir et Démocrates à la mine déconfite. Mais globalement, chacun, y compris la MSN, s'accorde à reconnaître que le Donald a réussi son examen de passage. CNN a avalé sa parabole de travers en admettant que 78% des Américains ont approuvé son discours.

Ainsi va l'empire, dont la démarche sinusoïdale laisse perplexe. Beaucoup d'analystes voient Trump finir par se ranger tout à fait derrière le Deep State et reprendre à son compte sa politique belliciste dans quelques mois. Et si c'était l'inverse ?

Car les choses évoluent également en profondeur, loin des projecteurs et pas dans le sens souhaité par les faucons. Ainsi, une enquête montre que la popularité de Poutine aux Etats-Unis a doublé en un peu plus d'un an, passant de 13% à 22% (32% chez les électeurs Républicains). Certes, tout cela reste encore relativement bas, mais c'est la tendance qui importe et celle-ci est claire.

Le grand avantage de la campagne présidentielle de l'automne est que, pour la première fois, l'Américain de base a entendu parler du monde et de ce qui s'y passe. C'est un frémissement qui avait d'ailleurs déjà commencé quelques années auparavant avec la crise syrienne (rappelons-nous la mini-fronde de certains militaires en 2013) :

Depuis, le récit hollywoodisé du système impérial a volé en éclats, constamment remis en cause par des voix chaque fois plus nombreuses. On ne sera pas surpris de retrouver la délicieuse Tulsi qui, lors de sa dernière interview sur CNN (datant de fin janvier), a plaqué le journaliste sur le thème des "rebelles modérés". Regardez l'air atterré du plumitif de service, ça vaut le détour :

Ceci, de plus en plus d'Américains le voient, l'entendent, le lisent, le ressentent. Et l'idée, qui vient des deux bords du spectre politique, fait son chemin dans les têtes. Dans les plaines de l'Ohio ou les downtown de Chicago, on commence confusément à sentir que ça ne colle pas, que le discours impérial a du plomb dans l'aile, que la presse raconte des cracks.

Nous avions déjà vu il y a quelques mois que la confiance envers les médias US était à son plus bas historique. Et ce n'est pas l'infantile et grossière campagne de diabolisation et même de psychiatrisation de Trump, Poutine ou Trump+Poutine - ce qu'un malicieux observateur appelle le Syndrome de dérangement Poutine - qui arrangera la crédibilité de la MSN. Il est d'ailleurs amusant de constater le peu d'imagination de ses promoteurs : 

Quand on sait que, en Occident plus qu'ailleurs, l'hystérie communicative du système va de pair avec son déclin...

Résumons : population excédée par le terrorisme islamique et même l'islamisme en général, chaque jour plus consciente des évolutions du monde (dans des proportions qu'il ne faut toutefois pas exagérer), chez laquelle la popularité du djihadist's killer Poutine ne peut qu'aller grandissant, surtout chez les électeurs Républicains ; méfiance généralisée envers les médias et l'Etat fédéral (donc, en creux, envers l'Etat profond) ; raz de marée électoral Républicain...

Les prédictions de ce blog se sont si souvent réalisées (Brexit, élection de Trump, libération d'Alep, coup d'Etat en Turquie, désastre saoudien, conflit gelé en Ukraine etc.) que votre serviteur se permet d'en faire une autre.

Pendant quelques mois encore, peut-être un an, le Donald devra louvoyer, donnant du grain à moudre au parti de la guerre, alternant les signaux contradictoires. Concomitamment, le pragmatisme gagnera du terrain. Pragmatisme des élus Républicains au pouvoir, ne souhaitant pas se couper totalement de l'opinion publique ni de leur président ; pragmatisme des militaires sachant bien, eux, qui est leur véritable ennemi. Le système impérial, de bien mauvaise grâce, ira de recul en recul, non sans donner quelques coups de griffe. Il aura suffisamment reflué en 2018 pour que le rapprochement russo-américain s'engage concrètement.

Tag(s) : #Etats-Unis, #Russie

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