Cette citation de Gramsci correspond parfaitement aux temps exaltants que nous vivons. Dans un contexte de recomposition géopolitique lié au déclin du système impérial, la vieille garde, encore puissante, s'accroche et tente de faire dérailler le nouveau monde qui s'annonce.
La démission forcée de Michael Flynn a provoqué le pessimisme de certains, déjà persuadés que le changement de direction initié par l'élection de Trump n'était qu'un feu de paille. Après quelques semaines de résistance, le Donald se serait modestement couché face au parti de la guerre. En réalité, cette crise n'est que le premier jeu du premier set entre la nouvelle administration et le Deep State, ce "marais à drainer" comme le qualifiait lui-même le Donald durant sa campagne électorale.
L'affaire elle-même reste obscure. Pourquoi Flynn, ancien chef du renseignement militaire, a-t-il tenu ces conversations sur une ligne non sécurisée alors qu'il savait pertinemment qu'elles seraient écoutées ? Son iranophobie bien connue, menaçant l'accord Moscou-Téhéran-Ankara sur la Syrie, joue-t-elle un rôle ici ? Bref, les ramifications sont peut-être plus profondes qu'on ne le pense...
Toujours est-il que Trump n'est en rien démonté par l'affaire et a donné hier une conférence de presse nationale corrosive où il a chargé comme jamais les médias institutionnels, face émergée de l'Etat profond. Il y a réitéré avec force sa volonté de rapprochement avec la Russie et a précisé que les fake news étaient précisément destinées à torpiller cette entente. Aucune surprise pour les lecteurs de ce blog, c'est ce que nous rapportons depuis des mois.
Au-delà des mots, Lavrov et Rex Tillerson se sont rencontrés pour la première fois lors du sommet des ministres des Affaires étrangères des pays du G20 jeudi et vendredi. L'ouverture de T. Rex envers Moscou est de notoriété publique et le fait que les deux principaux diplomates de la planète aient été pris en photo côte à côte est peut-être une réponse claire après la démission de Flynn. Aux toutes dernières nouvelles, la purge a commencé au Département d'Etat où le fameux 7ème étage, camarilla bureaucratique néo-con qui constituait un gouvernement de l'ombre pro-Clinton, est mis à la porte.
Autre signe de réchauffement, les chefs d'état-major des deux pays se sont également rencontrés pour la première fois depuis 2014, à Bakou. Aucune percée évidemment, surtout que du côté US, il s'agit de l'agité du bocal John Dunford, mais le fait qu'ils se parlent à nouveau est significatif en soi.
Le système impérial grogne et bave, ce dont s'amusent deux célèbres farceurs russes spécialistes en canulars téléphoniques. Au cours de la dernière semaine, ils ont réussi, en se faisant passer pour le Premier ministre ukrainien, à berner l'inénarrable Maxine Waters, qui n'a d'ailleurs besoin de personne pour se piéger, et McCain lui même.
L'entretien avec dame Maxine rehausse encore un peu plus sa légende, la congressiste américaine étant prête à partir en croisade pour défendre le... Limpopo envahi par Poutine !
McCainistan est moins comique - au moins parle-t-il d'un pays existant, l'Ukraine, et non d'un Etat imaginaire - mais plus intéressant. La russophobie fanatique du McCarthy des temps modernes effleure à chaque phrase : il fera tout pour maintenir les sanctions contre la Russie et même les amplifier, tentera au Congrès d'empêcher toute levée de ces sanctions décidée par la Maison Blanche, mais avoue que ce sera difficile. Ressort de l'entretien que le sénateur ne sait pas à quoi s'en tenir vis-à-vis du Donald et semble relativement pessimiste.
Et puisqu'on parle de l'Ukraine, la junte est bien embêtée. Ses encombrants alliés néo-nazis combattant dans l'est bloquent le charbon du Donbass à destination de Kiev (la guerre n'avait jamais rompu ce transit). Le gouvernement a décrété l'état d'urgence énergétique tandis que les euronouilles et la presstituée préfèrent regarder ailleurs (notez que France 24 rapporte l'info en anglais mais pas en français, sans doute pour éviter que les délicates oreilles de l'hexagone ne soient atteintes...)
En parlant d'intox et de désinformation, la France s'est réveillée sur la révélation Wikileaks de l'espionnage de la CIA lors de la présidentielle de 2012, utilisant des "moyens humains et électroniques" (c'est-à-dire surveillance des conversations téléphoniques et emails voire pose de micros). Quand ce sont les Russes (dont l'implication, toujours pas prouvée, pourrait en réalité cacher une piste interne), c'est un scandale planétaire et un "danger mortel pour la démocratie" ; les caciques du système (Merkel, Macron), justifiant d'avance leur possible défaite, crient à l'ingérence russe. Voyons si nous assisterons à la même hystérie concernant la CIA du gentil Obama. Sans surprise, votre serviteur en doute fortement...
Les vassaux sont une nouvelle fois pris la main dans le pot de l'hypocrisie, devenant soudain bien silencieux. La débandade d'un système comporte toujours son lot de mensonges et de grotesque tartuferie ; l'euronouillerie en déréliction en sait quelque chose.