Nous avons rapidement évoqué dans le dernier billet le coup de poker désespéré du parti de la guerre devant la perspective de la libération totale d'Alep par les Syro-russes. Des membres du Congrès US, travaillés par l'éternel pyromane John McCain (comme pour Soros, on attend impatiemment qu'il traverse le Styx...), a mis la proposition d'armer les "rebelles" syriens sur la table de Barack à frites qui l'a signée. Concrètement, cela permet de passer outre le Arms Export Control Act, sensé interdire le financement et l'armement par l'argent public états-unien de groupes militants.
Les contraintes - notification de 15 jours au Congrès - sont légères et pourraient permettre d'envoyer des missiles anti-aériens aux coupeurs de tête modérés avant l'entrée en fonction de Trump le 20 janvier. Que ces armes puissent finir entre les mains de Daech ne semble pas empêcher de dormir les allumés de Washington...
Deux questions se posent :
1. Obama passera-t-il à l'acte ? Pas sûr... Cela peut simplement servir d'atout, peu ragoûtant certes, dans les discussions avec Moscou.
2. Quels en seraient les destinataires ? Là, rien n'est sûr et la direction de l'empire reste floue comme toujours, perdue dans ses incohérences. Les Turcs pensent qu'il s'agit des Kurdes, ce qui réduirait à néant la menace des F16 ottomans et enragerait le sultan. Mais il se peut tout aussi bien que ce soient les djihadistes anti-Assad... La nouvelle volte-face US dans les négociations avec Lavrov et les dernières déclarations ridicules de vache Kerry sur les "crimes contre l'humanité du régime syrien, jamais vus depuis la Seconde Guerre Mondiale" (et le Vietnam ? Et l'Irak ?) laissent penser que la cyclothymique Amérique perd à nouveau la tête. On sait que l'alliance avec Al Qaeda n'a jamais fait peur aux Folamours de Washington (voir ce mail de Jake Sullivan à l'hilarante Clinton où le conseiller présidentiel se félicite presque : "Al Qaeda est de notre côté" !)
Aussi, des membres plus clairvoyants du Congrès (si si, il y en a) ont très vite réagi en introduisant le Stop Arming Terrorists Act. Le nom parle de lui-même... La proposition a été présentée par la délicieuse Tulsi Gabbard, qui en plus d'être jolie est intelligente :
“Si vous ou moi finançons, armons ou supportons Al Qaeda ou l'EI, nous serions mis en prison selon la loi. Or le gouvernement américain viole cette loi depuis des années, en soutenant avec de l'argent, des armes et des renseignements* les partenaires d'Al Qaeda, de Jabhat Fateh al Sham et d'autres groupes terroristes qui luttent pour renverser le gouvernement syrien. Il est temps d'arrêter cette folie."
* Petite parenthèse en passant : cette mention des renseignements rejoint peut-être ce que nous évoquions en octobre concernant la base iranienne d'Hamadan prêtée aux Russes :
Partir d'Iran permet de réduire la distance donc le temps de vol, non seulement pour des raisons d'économie et d'efficacité militaire (moins de fuel donc plus de bombes embarquées) mais aussi et peut-être surtout afin d'échapper à l'espionnage satellite. Chose intéressante, un journal russe accusait alors un "pays tiers" disposant de satellites (vous devinez qui) de fournir des informations en temps réel aux djihadistes sur les vols des bombardiers stratégiques décollant du territoire russe à destination de la Syrie, donnant aux barbus le temps de se déplacer ou de se cacher.
Mais revenons à Tulsi... Sa prise de position n'est guère étonnante et nous parlions déjà d'elle l'année dernière. La représentante Démocrate d'Hawaï, qui a d'ailleurs servi sous les drapeaux au contraire de nombre de ses collègues, dépare dans l'establishment impérialiste de son parti. Très récemment, elle remettait à sa place bien comme il faut un plumitif de CNN sur la Syrie :
"Nous supportons directement et indirectement des groupes terroristes en Syrie". CQFD
En novembre, Gabbard a même été pressentie pour devenir la Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères de l'administration Trump. Si elle préfère finalement rester au Congrès, il est quelque peu rassurant de voir que des leaders éclairés et raisonnables subsistent dans les deux partis...
Et puisque nous parlons de nomination, une demi-surprise est tombée il y a quelques heures : Trump proposerait le poste à Rex Tillerson, le PDG d'ExxonMobil. Comme le dit avec une pointe de regret NBC : "Il n'a aucune expérience gouvernementale ou diplomatique mais a noué des liens avec le Président russe Vladimir Poutine". Nouvelle ouverture du Donald à Vladimirovitch ?
T.Rex comme il est surnommé s'était prononcé contre les sanctions anti-russes décidées en 2014 par le parti de la guerre et les vassaux européens. Il est vrai qu'Exxon y avait beaucoup perdu, notamment son partenariat avec le géant russe Rosneft dans des gisements prometteurs de la mer de Kara :
La major pétrolière américaine ExxonMobil a annoncé jeudi que les sanctions occidentales contre la Russie lui ont déjà coûté 1 milliard de dollars l'an dernier.
Dans un document boursier, le géant pétrolier explique qu'il a dû geler ses projets avec son homologue russe Rosneft, après les sanctions des Etats-Unis et de l'Union européenne contre Moscou
Cette interruption de projets engagés dans le cadre de coentreprises avec Rosneft lui a coûté 1 milliard de dollars au 31 décembre dernier, évalue-t-il. ExxonMobil a ainsi dû fermer son installation dans la partie russe de l'Arctique.
Il y exploitait avec Rosneft un puits, Universitetskaya-1, situé dans la mer de Kara, au nord de la Sibérie, une région pouvant recéler 87 milliards de barils de pétrole. Le groupe russe a annoncé en septembre dernier avoir découvert du pétrole dans ce puits dans le cadre de la coentreprise avec ExxonMobil. Le champ pétrolifère devrait s'appeler Victoire.
L'ensemble de la zone pourrait contenir des réserves équivalentes à celles de l'Arabie Saoudite, selon Rosneft.
Comme de bien entendu, on y retrouve la CIA, le Washington Post et Barack à frites qui prend le mors aux dents et ordonne une "vérification complète" des résultats eu égard à la supposée "interférence russe". Après les dizaines de coups d'Etat fomentés dans le monde par l'empire, va-t-on assister à un autoputsch ?