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Ô cruelle ingratitude

Pendant combien d'années a-t-on entendu l'empire et ses dépendances (toutous européens, officines médiatiques) parler de rebelles modérés syriens, d'opposition démocratique. A mesure que la rébellion s'islamisait, s'al-qaédisait, il devenait de plus en plus difficile pour nos petits propagandistes en herbe de trouver un groupe réellement modéré et l'on sentait dans les communiqués officiels ou les articles de presse une gêne grandissante ; les explications étaient alambiquées, les non-dits sans cesse plus flagrants.

Toutefois, un dernier mouvement insurgé jouait encore le rôle de l'arbre qui cache la forêt djihadiste : l'Armée Syrienne Libre. Et peu importait que celle-ci fût alliée à Al Nosra et partageât avec ses petits copains takfiris ses armes made in USA ou ses informations. Mais comme souvent ces derniers temps, la réalité s'est chargée de décaper le joli conte de fée...

Dans l'extrême-nord syrien, des soldats US accompagnant l'armée turque se sont vu forcés de quitter un village après avoir été menacés par les rebelles modérément modérés de l'Armée Syrienne Libre. Parmi les joyeusetés entendues : "On va vous massacrer", "Vous êtes des porcs, des infidèles, des croisés". Bien entendu, ne vous attendez pas à en trouver un seul mot dans le marigot journalistique.

Cet épisode est toutefois intéressant en ce qu'il pourrait acter le lâchage définitif de la rébellion par Washington. L'accord Kerry-Lavrov était déjà vu comme très favorable à la position russe, à tel point que les Américains sont très réticents à le rendre public, s'attirant des critiques mordantes de Moscou, la belle Maria Zakharova déclarant par exemple : " Nous espérons que les Etats-Unis cesseront de fuir devant la publication de l'accord qu'ils ont signé afin que le monde entier apprenne les obligations de chaque partie". Une chose semble déjà sûre : le futur d'Assad n'y est même pas évoqué, sauf en termes très vagues. Le "départ indispensable de Bachar" aura fait long feu.

Avec le cessez-le-feu, Damas a prouvé sa bonne foi tandis que les djihadistes ont rompu la trêve à plusieurs reprises, notamment sur la route Al Castello sensée rouvrir afin de ravitailler en aide humanitaire la zone d'Alep assiégée, ce qui a d'ailleurs obligé les Russes à reprendre quelques menus bombardements. Ainsi, les rebelles (dont l'ASL) bloquent le ravitaillement de la population qui leur est pourtant favorable ! En terme de relations publiques, le signal envoyé est désastreux.

Désormais, Syriens, Iraniens, Russes et Hezbollah attendent dans un fauteuil la rupture du cessez-le-feu par les barbus qui pourrait définitivement donner carte blanche au 3+1 pour en finir avec l'insurrection, avec l'assentiment US cette fois. De guerre lasse, l'administration Obama a enfin donné à Moscou l'emplacement des groupes "modérés" afin que les Sukhois ne les bombardent pas. Mais comme le font remarquer les Russes, ces factions sont inextricablement mêlées aux groupes djihadistes et les Américains sont incapables de les séparer. Est-ce un feu vert tacite de Washington - finissez-en avec eux, nous ne nous y opposons plus ? L'épisode des soldats US virés comme des malpropres raconté au début pourrait être être la goutte qui fait déborder le vase...

Tag(s) : #Moyen-Orient

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