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Zénobie accueille Assad, le sultan dans ses derniers retranchements

La partie antique de Palmyre, capitale de la belle reine Zénobie, a été libérée par l'armée syrienne. Plusieurs jours de bombardements russes ont précédé l'assaut d'aujourd'hui, prouvant s'il en était encore besoin que le retrait russe n'était que partiel. Nous l'avions répété à plusieurs reprises :

Tactiquement parlant, le retrait partiel ne change rien. Les combats dans l'ouest syrien, contre des groupes mobiles disséminés dans un mouchoir de poche, requéraient une réactivité très rapide (chasseurs, drones...) La guerre contre l'Etat Islamique ressemble à une guerre plus conventionnelle avec des positions établies, connues. Dans ce genre de combat, les missiles Kalibr tirés depuis la Caspienne ou la Méditerranée feront merveille, aidés par les bombardiers et les hélicoptères qui restent en Syrie. D'ailleurs, certains ont déjà été transférés vers la base d'Homs, plus proche du front contre Daech, et l'aviation russe vient de pilonner l'EI à Palmyre.

Les combats continuent dans les autres parties de la ville où subsistent des poches de résistance, mais le gros du travail semble être fait. Pour Daech, c'est une mauvaise nouvelle même si le groupe califalo-djihadiste a gagné du terrain sur les autres rebelles (dont Al Qaeda) dans l'extrême-sud du pays, dans la région de Deraa :

Zénobie accueille Assad, le sultan dans ses derniers retranchements

Voisin, Israël se garde bien d'intervenir... ainsi que les forces syriennes pour l'instant. Pour Damas, désormais lié par les engagements du cessez-le-feu, c'est en effet du pain béni : le sud syrien est à peu près le seul endroit du pays où la rébellion modérée a une existence réelle. Le scénario est écrit : le calife Ibrahim se débarrasse des rebelles que les loyalistes ne peuvent toucher avant de se faire détruire par ces mêmes loyalistes aidés par les Sukhoïs russes.

Ailleurs, le régime avance également dans la Ghouta orientale contre Al Qaeda et Jaysh Islam, groupe soutenu par l'Arabie Saoudite. Le fait que personne ne proteste internationalement en dit long sur la réussite du saucissonnage de la rébellion syrienne par Moscou. Pour rappel, voici ce que nous écrivions au lendemain de la trêve fin février, alors que beaucoup s'interrogeaient sur la pertinence de la décision de Poutine :

"L'un des éléments qui me paraît le plus important est, selon une antique tactique russe, le saucissonnage de la rébellion. L'opposition à Assad est en ruines et divisée comme jamais entre ceux (minoritaires mais médiatiques) qui ont accepté la trêve et ceux, les djihadistes (majoritaires), qui la refusent. Désormais, toute ambiguïté est levée et le "camp du Bien" ne trouvera rien à y redire : ceux qui continuent le combat contre Assad sont des terroristes qu'il faudra traiter comme tel."

Tout va donc dans la bonne direction pour le 4+1. Les forces loyalistes ne pâtissent en rien du retrait partiel russe et Moscou a pris soin de fournir des équipements modernes à ses alliés qui continuent leur avancée au sol. De l'autre côté de la ligne Sykes-Picot, profitant des difficultés de l'EI en Syrie, l'armée irakienne commence à préparer son offensive sur Mossoul afin de libérer la deuxième ville d'Irak.

On comprend que la camarilla fondamentaliste turco-saoudienne ait les dents qui grincent... Si Riyad semble être en retrait depuis quelques jours, le sultan fait encore et toujours des pieds et des mains afin de sauver sa politique étrangère du désastre total. A défaut d'admirer son intelligence, l'on peut au moins louer son abnégation...

Empêchés d'envahir le nord de la Syrie par les Russes et lâchés par Obama (qui, dans le deal passé avec Poutine, a vraisemblablement mis son véto à toute intervention turco-saoudienne), les Turcs jouent leurs dernières cartes diplomatiques et utilisent les attentats de Bruxelles avec une hypocrisie éhontée.

Le bouffon du sultan, le mielleux Davutoglu, a déclaré sans rire que l'Europe devait se tourner vers la Turquie pour assurer sa sécurité ! Ses paroles valent de l'or : "La sécurité de l’Europe commence par la Turquie et pour la sécurité de la Turquie, il doit y avoir une zone de sécurité dans le nord de la Syrie". La ficelle (la corde en l'occurrence) est un peu grosse...

Personne n'est dupe de cette énième pitrerie ottomane, Lavrov ne s'est pas privé de pointer du doigt le trafic entre Ankara et Daech de part et d'autre de leur bout de frontière commun, même si cela se fait à un rythme bien plus lent depuis l'intervention russe de septembre. Chose intéressante, le ministre allemand des Affaires étrangères, quoique cautionneux comme doit l'être tout homme de paille de l'empire, a semblé aller partiellement dans le même sens.

A moins que les propos du premier ministre turc, jouant sur la fébrilité européenne vis-à-vis du terrorisme, ne cachent une menace voilée, quelque chose du genre : Désolé amis européens, parmi le flot de réfugiés, nous avons "malencontreusement" [lire "sciemment] laissé passé quelques centaines de petits gars en noir de Daech. Nous pouvons vous aider à les repérer mais il faut nous donner quelque chose en contrepartie...

Ce chantage (soulignons bien qu'il s'agit d'une simple hypothèse) serait suicidaire à moyen terme et couperait définitivement la Turquie de ses derniers alliés, mais Erdogan est désespéré et n'a plus rien à perdre. Cela pourrait en tout cas expliquer l'aplatissement assez minable des dirigeants européens devant le sultan il y a deux semaines. A confirmer...

Tag(s) : #Moyen-Orient, #Europe, #Russie

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