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Petit à petit, le gazoduc fait son nid

Malgré les tours de passe-passe US, quand ce n'est pas purement et simplement du chantage, des pressions ou le noyautage d'institutions (allo Bruxelles ?), les gazoducs russo-eurasiens font leur bonhomme de chemin et avancent inexorablement. Ce qui, économiquement, politiquement et géographiquement, tombe d'ailleurs sous le sens. Seule la formidable mais déclinante capacité de nuisance des Etats-Unis ralentit l'inévitable intégration énergétique de l'Eurasie et le XXIème siècle sera encore le témoin de cette lutte sans merci.

Le Nord Stream II avance, au grand dam des trolls pro-US du Vieux continent (Commission européenne, Pologne, Ukraine post-putsch...) Gazprom vient de signer un pacte d'actionnaires avec toutes les compagnies - Shell, E.ON, BASF, OMV - intéressées par le projet, rendant plus tangibles les mémorandums signés ces derniers mois et dont nous avons longuement parlé. Notez l'hystérie de l'auteur de l'article, "analyste" polonais qui aurait plus sûrement sa place dans un think thank néo-cons quelque part en Virginie... Nous avions fait un article sur la désinformation énergétique, part intégrale de la guerre de l'information venant d'outre-Atlantique, et avions déjà épinglé ce site (Natural Gas Europe). Hystérique, notre ami est cependant loin d'être le seul...

Le même site, décidément très en verve, cite la compagnie ukrainienne de gaz et quelques politiciens d'Europe de l'est qui larmoient sur l'accord passé. Pauvres chéris... La Slovaquie parle de "trahison de l'UE" tandis que la mère Merkel, elle, reste bien silencieuse. La palme revient à l'inénarrable Yatseniouk, le pantin installé par Nuland à Kiev, qui, après avoir joué au clown anti-russe pendant un an et demi, vient maintenant pleurnicher parce que l'Ukraine perdra 2 milliards par an en frais de transit. Les Ukrainiens sont en train de dépasser les Polonais dans le rôle du geignard qui réclame le beurre, l'argent du beurre et la crémière avec...

Pourtant, Poutine avait tout annoncé noir sur blanc il y a six mois : puisque l'Ukraine d'après-putsch est férocement russophobe, elle ne sera plus pays de transit, quitte à perdre des milliards en royalties. Turk Stream et Nord Stream II vont contourner le glacis de la "nouvelle Europe" mis en place par Washington et Bruxelles. Le monde occidental et ses affiliés vivent dans une bulle communicative tellement déconnectée de la réalité qu'ils ne comprennent pas la façon russe de dire ce qu'on va faire et de s'y tenir. Contrairement à de (trop) nombreux leaders occidentaux, Poutine ne fait jamais d'effets de manche ; ce qu'il annonce, il le fait, point-barre.

Quant à l'Ukraine post-Maidan, presque en proie à la guerre civile entre néo-nazis et oligarques, revenue économiquement au niveau du Zimbabwe, en quasi situation de faillite et disant bientôt au revoir aux frais de transit du gaz russe, elle n'aura plus que ses yeux pour pleurer. J'en ai rêvé, le Maidan l'a fait... Et comme si ça ne suffisait pas, voilà que les reverse flow en provenance de Slovaquie ne sont pas pour demain. Ce gaz russe acheté par l'UE puis renvoyé en Ukraine, de manière illégale d'ailleurs et contre la volonté de Gazprom, permettait à l'Ukraine de se chauffer en faisant payer la facture au contribuable européen.

Il n'y a guère de secret en géopolitique : le blabla des bonimenteurs dure un temps mais on en revient toujours aux réalités stratégiques, géographiques et économiques. Et ces réalités jouent toutes dans le sens de la Russie qui n'a qu'à attendre que les gesticulations américaines s'épuisent pour reprendre le chemin. Les entreprises énergétiques européennes n'ont qu'une envie : refaire des affaires avec la Russie. Même la Bulgarie, qui a rappelons-le suspendu le South Sream et a récemment interdit son espace aérien aux avions russes à destination de la Syrie, revient faire de la lèche à Moscou. Et oui ! on ne vit pas de déclarations grandiloquentes (grand spécialité anglo-saxonne) ; chassez la réalité, elle revient au galop, et celle-ci va souvent dans le sens russe, on l'a dit.

C'est d'ailleurs toute l'Eurasie qui réclame l'or bleu et l'or noir russes. Après les deux méga-contrats avec la Chine, nous avions vu des projets énergétiques éclore de partout. C'est maintenant à la période des récoltes... Moscou risque fort de bientôt construire le pipeline nord-sud que le Pakistan attend depuis des années. Premier pas vers la fameuse connexion Gwadar-Chine ou le projet de gazoduc Pakistan-Russie ? Tout ceci n'empêche d'ailleurs pas les Russes de renforcer de l'autre côté leur coopération énergétique avec l'Inde.

Russie, Chine, Inde, Pakistan, Iran... Dans l'Eurasie qui se prépare, sous l'égide de l'OCS, de l'Union eurasienne, des routes de la Soie chinoises et des gazoducs russes, les civilisations se rapprochent, l'animosité fait peu à peu place à l'entente et à l'intégration.

MacKinder, Spykman, fermez les yeux, votre cauchemar est en train de se réaliser...

Tag(s) : #Gaz, #Russie, #Etats-Unis, #Europe, #Ukraine, #Asie centrale, #Chine, #Sous-continent indien

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