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Les terroristes modérés en difficulté

Les mouchoirs sont de sortie dans les chancelleries occidentales et pétromonarchiques, et il nous semble même entendre quelques sanglots étouffés : leurs si chers terroristes modérés sont partout sur le reculoir en Syrie.

Au sud, l'armée loyaliste a repris il y a quelques jours Cheikh Meskine, une ville stratégiquement importante, coupant plus ou moins les voies de communication des djihadistes dans la province de Deraa. Nous avions d'ailleurs vu que la Jordanie voisine, dans un retournement de veste digne d'elle-même, n'était plus très chaude pour soutenir la rébellion et avait ordonné à ses protégés de ne plus s'en prendre au régime mais à Al Nosra si chère au coeur de Fabius.

A la frontière libanaise, dans les montagnes du Qalamoun globalement mais pas totalement reconquises par le Hezbollah, EI et Al Nosra se sont à nouveau écharpé alors que les poches insurgées se réduisent sans cesse.

A Deir ez-Zoor, enclave loyaliste en plein territoire de l'Etat Islamique, l'armée a repoussé la grande attaque daéchique que nous prévoyions dernièrement. Si l'agence de presse officielle exagère sans doute un peu, il est certain que les petits hommes en noir ont subi des pertes et en ont été pour leurs frais. Là comme ailleurs l'aviation russe a été déterminante.

En parlant de cela, c'est comme si on y était :

Mais c'est surtout au nord que la dynamique du combat a profondément changé. A Alep, l'un des principaux groupes insurgés, jusque-là soutenu par la Turquie et les Etats-Unis, bat en retraite. Chose intéressante : ils affirment ne plus recevoir de munitions et d'armements. Conséquence des bombardements russes ou bisbilles avec leurs parrains ? Toujours dans la région d'Alep, les salafistes d'Ahrar al-Cham et les qaédistes d'Al Nosra, pourtant alliés dans l'Armée de la conquête soutenue à bouts de bras par notre amie l'Arabie saoudite, se bagarrent comme des chiffonniers. Le fait est rapporté, ô divine surprise, par le Monde, à qui il arrive parfois de faire de l'information (ça doit être les bonnes résolutions de 2016). Au fait, où sont donc passés les fameux "rebelles modérés" ?

Et comme dans la province de Lattaquié, les loyalistes reprennent localité sur localité, les bastions insurgés d'Idlib et Jisr Al-Choughour, adossés à la Turquie, sont sur la défensive, commençant à être pris en tenaille par l'ouest, le sud et l'est. La coalition syro-russo-irano-hezbollahi s'approche avec gourmandise de la frontière turque, rendant de plus en plus difficile l'approvisionnement des terroristes modérés. Pas étonnant que le sultan commence à avoir des sueurs froides...

C'est dans ce contexte qu'a eu lieu avant-hier l'incident que tous les médias ont rapporté, à savoir une possible nouvelle incursion d'un avion russe dans l'espace aérien turc. Ankara postillonne et convoque l'ambassadeur russe, Moscou balaie d'un revers de la main et parle de "grossière propagande". Ce qui est intéressant ici, c'est que si violation il y a eu, la chasse turque s'est bien gardée cette fois d'abattre l'avion. Faut dire que c'était un Sukhoi 34 protégé par un halo de S-400 et non un vieux Sukhoi 24 solitaire... Et puis le sultan n'a peut-être pas envie d'aller plus loin dans l'escalade avec l'ours vu l'avalanche de sanctions qui lui est tombé sur le crâne.

Les Russkovs doivent maintenant se sentir forts sur la frontière syro-turque. Les batteries de S-400 n'hésiteront pas à descendre les F16 ottomans comme des mouches. C'est sans doute cela qui explique ce qui s'est passé le 23 décembre... Les lecteurs se souviennent sans doute qu'Erdogan avait lancé un ultimatum aux YPG kurdes syriennes : "ne traversez pas l'Euphrate ou nous vous bombarderons". Eh bien, fait passé inaperçu de tous (y compris de votre serviteur, je dois l'avouer avec honte), les YPG ont bien traversé l'Euphrate le 23 décembre et commencé à faire mouvement pour sceller la frontière afin de couper Daech de la Turquie. Ankara n'a pas réagi ! Erdo-gollum a dû ravaler sa fierté devant les missiles russes pointés sur ses avions.

Guère étonnant dans ces conditions que les Turcs aient fait des pieds et des mains pour que les Kurdes syriens soient exclus du nouveau round de négociations à Genève. Moscou a beau jeu de demander leur participation, se les attachant ainsi encore un peu plus. Il est vrai que sans eux, Genève 3 est une coquille vide. Cela ne gêne pas plus que ça Damas : au vu de la nouvelle dynamique du conflit, le temps joue maintenant pour Assad et ses alliés.

Tag(s) : #Moyen-Orient, #Russie

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