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Folamour

Non contents d'avoir mis le feu à la planète depuis vingt ans, les néocons [ça veut dire néo-conservateurs, pas nouveaux cons, quoiqu'on peut parfois se demander...] de Washington n'ont toujours pas dit leur dernier mot. Entre dire et faire, il y a certes un monde, et l'Amérique vit plus que jamais dans l'ère de la communication totale qui fait souvent désormais office de réalité (maladie qui gagne également l'Europe). Toutefois, le nombre de guerres dans lesquelles les Etats-Unis se sont engagés ces dernières années pousse à ne pas prendre à la légère leurs déclarations. L'empire décline et rien n'est plus dangereux qu'une bête blessée ; les docteurs Folamour pullulent à Washington, ayant gangréné les think tank comme les journaux ou les ministères.

Le prix Nobel de la paix [défense de rire] a déjà six ou sept guerres à son actif, mais ça ne lui suffit apparemment pas. A peine l'autorisation donnée à l'aviation US de bombarder tout assaillant, y compris les troupes loyalistes, qui s'en prendrait aux rebelles syriens dits "modérés", voilà que le Département d'Etat fait dans la foulée une déclaration assez incendiaire, qualifiant Assad de "racine du mal" en Syrie. Pour l'apaisement, on repassera... Là encore, difficile de comprendre le timing, alors que l'on pensait Washington en partie dégrisé de sa beuverie islamisto-saoudienne. Il est vrai que les habitudes sont tenaces, comme les mauvaises herbes, mais enfin, le dégel avec l'Iran, le léger réchauffement avec le régime syrien ces derniers temps... tout cela laissait supposer que les Américains ouvriraient enfin (un peu) les yeux et tourneraient (légèrement) le dos à des décennies d'alliance avec l'islamisme sunnite. Apparemment, ce n'est toujours pas le cas.

Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, nos pompiers-pyromanes semblent vouloir s'en prendre à Daniel Ortega au Nicaragua. Certes, les bisbilles entre le leader sandiniste et l'oncle Sam ne datent pas d'hier. Mais c'est la décision d'Ortega de creuser un nouveau canal interocéanique, concurrençant le canal de Panama, qui a mis le feu aux poudres. Crime absolu : ce canal sera construit et financé par une compagnie chinoise sur laquelle Washington n'aura aucune prise. La réaction ne s'est pas fait attendre : soutien ouvert à l'opposition nicaraguayenne, déstabilisations diverses... Bref, la recette habituelle des coups d'Etat "révolutions de couleur" provoquées en Serbie, en Géorgie, au Kirghizstan, au Liban, en Ukraine etc.

Seul hic : si l'excès est mauvais pour la santé, il l'est également pour la subversion ; les Américains ont tellement usé et abusé de ces tactiques que tout le monde se méfie désormais. Sale temps pour les cinquièmes colonnes US en Russie et en Chine... Moscou vient de bannir le N.E.D (National Endowment for Democracy), qui n'était qu'une couverture de la CIA sous couvert "humanitaire" dont le but est de déstabiliser les gouvernements qui n'ont pas l'heur de plaire à Washington. Rappelez-vous, ce sont par exemple les trois Comités de mères de soldats russes financés par le N.E.D, et eux seuls, qui avaient accusé Poutine d'envoyer des soldats russes en Ukraine ; les 198 autres n'étaient pas au courant. La Chine vient elle aussi de prendre des mesures afin de contrôler de manière bien plus rigoureuse les pseudo "ONG" américaines. Sorry Barack, il va falloir trouver autre chose pour harceler l'Eurasie...

Un petit mot pour finir : on ne peut que conseiller aux lecteurs qui n'auraient pas vu Le docteur Folamour de se jeter sur le chef-d'oeuvre caustique et noir de Stanley Kubrick. 50 ans et pas une ride.

Folamour
Tag(s) : #Etats-Unis, #Moyen-Orient, #Russie, #Chine

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