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De la désinformation énergétique...

Le Grand jeu énergético-eurasien, ou Guerre froide 2.0, ne se déroule pas uniquement sur la scène stratégique, diplomatique ou militaire : la guerre de l'information y a toute sa part. Chacun a pu le constater dans le dossier ukrainien, où les médias occidentaux noyautés/financés/intéressés par les Etats-Unis et ses proxies européens se sont vautrés dans la propagande la plus sordide. Aussi intéressante, sinon plus, est la désinformation économique. Cela peut surprendre de prime abord mais il n'y a en fait rien d'étonnant à cela : les décideurs économiques sont au moins aussi importants que les opinions publiques, les influencer pour qu'ils prennent des décisions favorables aux intérêts de tel ou tel relève de la logique la plus élémentaire. C'est particulièrement vrai dans le domaine de l'énergie... L'offensive américaine contre les hydrocarbures russes se matérialise autant dans les salles de rédaction que sur le terrain. C'est une désinformation policée, intelligente, mêlant habilement le vrai au faux dans des journaux qui n'ont rien de tabloïds. Quelques exemples récents nous le montrent :

  • Gazprom serait à genou ! C'est en tout cas ce qu'affirmait il y a quelques jours Natural Gas Europe, site spécialiste des questions gazières européennes mais dont la ligne idéologique ressemblent étrangement à celle de certains stratèges d'outre-Atlantique. Manque de bol, Gazprom vient d'annoncer un bénéfice record pour le premier trimestre 2015 (+71%) ! Notons d'ailleurs que l'une des raisons en est la chute du rouble, elle aussi présentée un peu partout comme un cataclysme pour l'économie russe alors que la baisse du cours d'une monnaie est généralement un ballon d'oxygène pour l'économie (les Européens en savent quelque chose, eux qui réclament depuis des années une baisse de l'euro...)
  • Autre serpent de mer du bourrage de crâne, le fameux Corridor sud de l'Europe, censé fournir le Vieux continent en gaz azerbaïdjanais et turkmène (tant qu'on y est !) afin d'éviter de consommer le gaz russe. On retrouve ce conte dans tous les journaux, qui se reprennent les uns les autres sans même vérifier le bien-fondé de l'info. Nous avons déjà expliqué à plusieurs reprises que l'Azerbaïdjan a très peu de gaz et que le Turkménistan ne sera jamais autorisé par la Russie et l'Iran, pays riverains de la Caspienne, à construire son pipeline transcaspien. L'approvisionnement de l'Europe par ce Corridor sud est donc totalement illusoire, ce qui n'empêche pas la volaille médiatique de perroqueter cette fable ad vitam aeternam. Si l'on peut retarder de quelques années l'inévitable rapprochement énergétique russo-européen, c'est toujours bon à prendre pour Washington...
  • Autre délire US, visant cette fois le sous-continent indien : le TAPI (gazoduc Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde) pour contrer l'IPI (Iran-Pakistan-Inde). Pardon pour le langage qui va suivre mais il faut quand même être sacrément con pour croire une seule seconde qu'un pipeline peut traverser tranquillement l'Afghanistan en guerre et se faufiler entre les Talibans et l'EI. C'est pourtant ce que voudraient nous faire croire des officines US comme Trend (Azerbaïdjan) ou Eurasianet.

Attention donc, lorsque vous lisez des informations économiques, tout spécialement dans le domaine de l'énergie, dans des publications qui, sous couvert de sérieux, participent en réalité de la grande offensive américaine contre l'Eurasie.

Tag(s) : #Gaz, #Pétrole, #Etats-Unis, #Russie, #Asie centrale, #Europe

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